Après l’envoi de 600 militaires supplémentaires début 2020 au Sahel, le retrait progressif de certaines unités françaises de l’opération Barkhane commencera début 2021.
Le 8 octobre 2020, quatre otages ont été libérés dont la française Sophie Pétronin, âgée de 75 ans et restée près de 4 ans en captivité au Mali. Très longues, ces négociations auraient été intégralement menées par les autorités locales dont l’objectif était la libération de l’homme politique Soumaïla Cissé. Les conditions sont dures. Au-delà de l’aspect financier, 200 prisonniers djihadistes ont été libérés. Certains seraient des hauts cadres de mouvements djihadistes. Considérée comme « nécessaire » par les autorités maliennes, cette libération est susceptible d’avoir des répercussions sur l’intervention des forces françaises au Sahel.
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Après 7 ans d’intervention dans cette zone, quel est l’avenir de l’opération « Barkhane » ?
L’intervention de la France au Sahel
Le territoire du Sahel est une ceinture qui recouvre environ 9.6 millions de km². Les huit pays qui la composent de manière partielle ou intégrale représentent un tiers du continent africain. Parmi eux on retrouve le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, mais surtout le Mali. Une des particularités du Sahel est que cette zone est soumise à de nombreuses difficultés structurelles de sécurité et de gouvernance. En proie aux trafics, au terrorisme, cette région est très touchée par la pauvreté. De nombreux groupes armés tels que Boko Haram, l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), les Shebab somaliens ou encore les rebelles Touaregs y sont particulièrement actifs.
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En janvier 2013, le gouvernement malien fait appel aux forces françaises pour arrêter l’offensive djihadiste qui menace la stabilité de la région. Le 11 janvier 2013, le président de la République François Hollande décide de faire intervenir l’armée française dans le nord du Mali. L’opération « Serval » commence. Ce n’est pas la seule intervention au Sahel, les Français interviennent aussi au Tchad avec l’opération « Epervier ».
A ces actions succède en juillet 2014 l’opération « Barkhane », qui fait suite à la demande du gouvernement malien. Le mot emprunté à l’arabe désigne une « dune de sable en forme de croissant qui se déplace au gré du vent ». Actuellement, 5 100 soldats sont engagés, ainsi que de nombreux engins militaires : drones, avions de chasse, transports logistiques, véhicules blindés lourds et légers. Le coût de cette opération est un gouffre financier.
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Cette intervention devait permettre, à terme, aux états africains qui collaborent d’assurer leur sécurité par leurs propres moyens. Malheureusement, malgré l’aide fournie, cette intervention de paix est pourtant de plus en plus impopulaire auprès des populations locales.
L’opération « Barkhane », une intervention peu plébiscitée
Les forces françaises connaissent depuis 2013 de nombreux succès. Fin octobre, une grande opération a permis de neutraliser une soixantaine de djihadistes : « un succès important porté à l’engagement de l’opération Barkhane et du commandement des opérations spéciales » avait annoncé le chef d’Etat-Major des armées, le général François Lecointre sur Europe 1 le 2 novembre 2020.
Pourtant, la situation du nord Mali ne fait qu’empirer. La fin de l’année approche et un an après l’envoi de 600 militaires supplémentaires, le bilan a abouti à une réduction progressive des troupes au Mali.
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L’aggravation de la situation et l’opinion publique africaine qui se montre de plus en plus hostile, qualifiant même la présence militaire française de « force d’occupation », sont autant de raisons de revoir les stratégies. C’est dans ce cadre que le retrait partiel et progressif de certaines unités a été décidé.
Cependant, la libération des prisonniers djihadistes au début du mois nécessite une attention particulière dans le retrait d’une partie des troupes françaises. Il est prévu que les Nations Unies, l’Union Africaine et la nouvelle force spéciale européenne « Takuba » assurent cette transition.
D’une force française à une force européenne
La France n’intervient pourtant pas seule au Sahel. L’un de ses partenaires privilégiés est la mission des Nations Unies qui, elle aussi, vise la stabilisation au Mali. Dirigée par un général français, cette mission, qui rassemble près de 15 000 soldats et policiers, est plus connue sous le sigle « MINUSA ».
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Les renforts envoyés par les Nations Unies devraient pouvoir soulager l’intervention française. Ils pourraient aussi être un atout majeur dans la substitution progressive d’une partie des troupes françaises par la force spéciale européenne Takuba qui regroupe des forces militaires tchèques, estoniennes et suédoises. Son objectif est de soutenir les Maliens dans les combats et les aider à réinstaurer une relation de confiance entre les soldats et la population locale.
Ainsi, le retrait d’une partie des forces françaises devrait s’effectuer en douceur et une centaine des militaires français engagés pourrait commencer à quitter le Mali dès février 2021.