La ministre de la Justice Nicole Belloubet a déclaré mercredi 29 janvier que l’insulte contre une religion constituait « une atteinte à la liberté de conscience ». Il est difficile de ne pas y voir un pied de nez fait à une laïcité qui n’avait aucun problème avec le blasphème lorsqu’il concernait un catholicisme encore enraciné.
Notre Garde des sceaux s’exprimait sur Europe 1 au sujet de l’affaire Mila, une adolescente de l’Isère qui a dû être déscolarisée après avoir été menacée de mort sur les réseaux sociaux en raison de propos hostiles à l’Islam. Bientôt deux semaines après son tweet, Mila n’avait toujours pas pu retourner en cours, le gouvernement ne pouvant assurer sa sécurité face à une petite horde d’adolescents excités, fanatiques du dimanche.
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Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes en lien avec cette affaire : l’une vise les menaces de mort, l’autre a pour objet de déterminer si les propos de l’adolescente relèvent de la « provocation à la haine raciale ». Provocation à la haine raciale, vraiment ?
Un rapport du Haut Conseil à l’intégration rappelait en 2005 que : « En République, la critique de la religion, comme de toutes les convictions, est libre. Elle est constitutionnellement garantie et fait partie de la liberté d’opinion et d’expression. Elle ne saurait être assimilée au racisme et à la xénophobie. » Il serait temps d’être cohérent.
Une laïcité à deux vitesses
Par ailleurs, replaçons un instant ces propos dans le contexte du débat en cours de la loi Avia devant le Parlement. Les lois ont toujours eu pour but d’être générales, puis appliquées selon une interprétation politique. Alors que certains s’interrogent sur ce que pourrait constituer la « haine sur internet » visée par ce projet de loi, l’éclairage politique que le pouvoir macronien nous offre sur ce genre d’affaires n’est guère encourageant.
Aucune réaction de la sorte, aucune indignation, aucune larme de crocodile lorsque, quelques jours auparavant, un humoriste scandait « Jésus est pédé » sur France Inter. Laïcité à deux vitesses donc.
Au début du XXème siècle, affaiblir le catholicisme par un féroce laïcisme anticlérical ne posait aucun problème au pouvoir. Aujourd’hui, ce même pouvoir lui porte le coup de grâce en octroyant à l’islamisme rampant toutes les protections et garanties politiques du délit de blasphème. C’est qu’il s’agit de préserver la « paix sociale » ! Entendre ici : aveuglement, compromission, lâcheté.
En passant d’une laïcité molle d’égalisation des croyances à une laïcité au service des obscurantismes religieux conquérants qui fomentent notre perte, le gouvernement semble vouloir poursuivre sa logique de capitulation. Si un régime ne sert pas les intérêts nationaux, alors qui sert-il ? Depuis plusieurs années, l’Islam impose ses règles avec l’aval – et la bénédiction – d’une République qui ne parvient même plus à être laïque.