Coronavirus : dans l’adversité devenez quelqu’un de meilleur
Hier, le Premier ministre, dans le calme, a déploré notre absence de sérieux ces derniers jours pour respecter des règles face à un risque grave et imminent. Aujourd’hui j’ai une pensée pour les cent-vingt-sept d’entre nous qui nous ont quittés, une autre pour les cas plus nombreux ailleurs, et une dernière pour l’Europe, notre communauté humaine. Et pourtant l’heure n’est ni au défaitisme ni au fatalisme, mais à la compréhension puis à la résignation.
En fait, comme à la guerre, on se fait décimer lorsque l’on ne connait pas l’ennemi, qu’on ne le comprend pas. La guerre de 1940 a été perdue parce qu’on en avait une de retard. Aujourd’hui le combat n’est ni contre la barbarie, ni contre une idéologie, et pourtant nous sommes quand même en retard. Dans ma caserne de pompiers, comme à la guerre, le chef nous a transmis une idée directrice, des mesures et la conclusion ouvrant sur les problèmes auxquels on fait face. Le vrai problème, l’ennemi, comme on dit, ce n’est pas le virus. L’ennemi, c’est nous.
L’Homme, un animal social
Nous sommes des animaux sociaux, nous avons besoin des autres pour travailler. Nos traditions dictent nos interactions. Notre cœur nous pousse vers ceux que l’on aime. Il y a aussi des personnes dont on ne peut se passer : la famille, les amis, les grands-parents ou les enfants, le copain, la fiancée ou le mari. Les victimes collatérales, ce sont eux.
Le virus, que chacun d’entre nous porte potentiellement, se propage en moins d’un quart d’heure par contact étroit par postillons (toux, éternuement) : même lieu de vie, contact direct à moins d’un mètre lors d’une toux, d’un éternuement ou même d’une discussion en l’absence de mesures de protection. Un des vecteurs privilégiés de la transmission du virus est le contact des mains non lavées. Ces moyens sont autant d’armes entre nos mains et contre nous. C’est une arme sale car elle fonctionne d’autant mieux que nous sommes humains, que nous voulons voir nos proches.
Et pourtant, rien n’est perdu si nous comprenons l’ennemi et que nous changeons, vous et moi, nos comportements maintenant. Pas bientôt, pas demain, pas plus tard ce soir, maintenant. Si vous acceptez de changer maintenant et de tenir dans la durée, le combat est gagné. Alors ne sortez plus, ne vous rassemblez plus, ne recevez plus mais restez solidaires. Organisez-vous, manifestez-vous sur les réseaux sociaux dans vos quartiers, laissez vos coordonnées dans vos immeubles, appelez vos proches et les plus fragiles régulièrement. Ce sont eux qui vont être les plus touchés psychologiquement. Si vous êtes solitaires mais solidaires, personne ne sera seul. Alors faites-le.
Voyez aussi ce combat comme une opportunité unique pour découvrir qu’être solitaire c’est apprécier ces moments où l’on est avec soi : peut-être avez-vous ce livre que vous teniez absolument à lire, un projet artistique à cœur, un talent à développer pour lequel vous justifiiez n’avoir jamais le temps ? Tenez un journal, il sera un témoin, plus tard d’un combat que vous avez mené, et dont vous pourrez être fiers et que vous pourrez transmettre. Apprenez la frugalité, le charme du local, du proche, qui étaient ces non-lieux sur vos chemins de travail. Comme toutes les épreuves, celle-ci est l’occasion de vous transformer et de vous donner envie de devenir quelqu’un de meilleur.