Alors que le film est sorti il y a plus plusieurs semaines, les critiques du film pleuvent sur le net. Si dans leur majorité elles sont positives, de violents débats ont lieu outre-Atlantique sur le message subliminal que ferait passer le film.
Eh oui, des journalistes américaines (au sens continental), car la plupart du temps se sont des femmes, ont enchaîné les infarctus en voyant le film pour la première fois. On leur avait dit pourtant de bien prendre leurs anxiolytiques trois fois par jour, avant qu’elles ne sombrent dans la paranoïa la plus complète. Ça n’a pas manqué, la journaliste Stéphanie Zacharek du Time nous livre une fine analyse du personnage principal en liant son mal-être et sa folie à… sa sexualité. Oui… en gros il deviendrait fou car il ne copule pas assez. Triste.
Un peu léger non ?
Elle va jusqu’à dire qu’il pourrait être vu comme le « saint patron des Incels », ces hommes mentalement dérangés et misogynes à l’extrême.
Au Canada, les vieilles rombières féministes sont de sortie. Sarah Hagi écrit dans le Globe And Mail que le Joker est l’antihéros que les « Enragés attendaient ». Elle rajoute, toujours aussi finement, dans un numéro de psychologie digne de Bernard–Henri Levy, que le film « offrirait à l’homme blanc une compréhension de sa violence ». Pourquoi l’homme blanc ? Si l’acteur jouant le Joker avait été Will Smith ou Denzel Washington, ces « journalistes » auraient-elles dit que le message du film soutenait « la violence de l’homme noir » ? Je ne pense pas. Sarah devrait donc avaler une double dose de Prozac.
Mais la palme revient sûrement à une autre Canadienne, Kathleen Newman Bremang. Je n’ai pas pu résister à l’envie de vous citer la phrase la plus « percutante » de son article : « Avions-nous vraiment besoin d’un film brutal sur un terroriste blanc qui utilise la violence armée pour se venger de la société qui le rejette ? Avions-nous besoin de ça maintenant ? ». Mon Dieu.
J’imagine d’ici la conférence de rédaction :
- Kathleen : « Je viens de sortir du cinéma, il FAUT faire un article sur cette atrocité de « Joker » ! Le film est dangereux, il incite les mâles blancs cis-genres en manque de baise à tuer ! C’est une apologie du terrorisme blanc ! ».
- Kevin (le chef de rédaction) : « Calme-toi ! Bois ton thé à la menthe Eco+ importé du Pérou, mange un bon steak de soja, et regarde le dernier film de Caroline Fourest. Après ça, si tu es toujours en état de choc, va chez ta tatoueuse préférée « Safe Space Tatoo» et marque-toi sur la peau un énième symbole du Girl Power. Ah oui, n’oublie pas de faire ta mer** heu… ton article pour demain huit heures ».
Le Joker serait-il un « terroriste blanc » ?
Décidément, cette journaliste manque cruellement d’empathie. Elle a apparemment oublié que le film est avant tout une tragédie grecque. On y assiste à la lente destruction psychologique d’un homme rejeté de tous, méprisé, pauvre, malade psychiquement, pour le voir se jeter dans la folie la plus complète. Le film est un drame, son personnage principal n’est pas un héros ni un antihéros, juste un pauvre diable.
Il faut être vraiment un(e) journaliste travaillant chez Closer pour voir dans cette œuvre un message « dangereux ». Mais ça n’empêche pas le sentimentalisme et la paranoïa de prendre le dessus sur la raison. Comme chez ce membre de l’académie des Oscars qui ne sait pas s’il faut « récompenser le film ou l’interdire ».
L’interdire ? Vraiment ?
On voudrait censurer un film d’auteur parce qu’une poignée d’intellectuels de bas étage seraient « choqués » par la « violence » de l’œuvre. Je ne me souviens pas de les avoir entendus sur des films bien plus gores et sanglants comme Massacre à la tronçonneuse, Saw ou encore Requiem For a Dream. Chacun d’entre eux ayant été qualifié de « film dérangeant mais nécessaire » ou quelque chose comme ça.
Mais pourquoi ?
Il n’y a pas de réponse simple. Je suppose que c’est le message « anti-Système », qui lui est bien présent dans le film, incarné par un homme blanc d’âge médian qui terrifie nos bonnes âmes.
En définitive, je ne peux qu’encourager nos lecteurs à aller voir ce chef d’œuvre pour se faire eux même un avis. Même si j’ajouterai que, généralement, quand un film fait peur à une certaine presse, c’est toujours bon signe.