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Covid-19 : la guerre économique des vaccins chinois

Les autorités sanitaires françaises ne reconnaissent pas les vaccins russes et chinois pour entrer sur le territoire.

Dons de vaccins, faible prix des doses, accords économiques, stratégiques et militaires La Chine apparaît comme un grand vainqueur de cette pandémie de Covid-19 et profite de cette crise pour faire avancer ses intérêts dans le monde et principalement en Afrique. Une diplomatie sanitaire qui se transforme en véritable guerre économique.

 

En décembre 2020, le groupe pharmaceutique chinois Sinovac tentait d’exporter son vaccin en Amérique latine. Avec 10 millions de doses livrées avant le 31 mars 2021, la société espérait distribuer très largement son vaccin au Chili. Certains accords précisent que ce dernier a accepté la mise en place d’essais cliniques de phase 3 de la société chinoise dans le pays. Une aubaine qui permet à ce pays d’Amérique du sud de faire passer le prix des doses achetées de 12,15 dollars pour les premières livraisons à 11 dollars pour les suivantes.

 

Donner pour mieux vendre

En décembre 2020, le même groupe pharmaceutique a proposé de fournir gratuitement 50 000 doses de vaccins à la Géorgie. Ce cadeau s’inscrit dans une stratégie bien plus large. En février, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi, avait annoncé que son pays fournissait gratuitement plus de 50 pays. La liste de pays recevant ces cadeaux s’allonge à mesure que les mois passent. Et c’est en priorité vers l’Afrique – qui est un partenaire clé – que se tourne la diplomatie chinoise. En février, l’Algérie reçoit 200 000 doses du vaccin Sinopharm puis c’est au tour du Sierra Leone de recevoir ses 200 000 doses le même mois puis la Tunisie (mars), le Cameroun, le Togo (avril).

Mais ces offres qui paraissent très généreuses, peuvent s’accompagner de conditions très précises dont celui du monopole. Aucun contrat avec des sociétés fournissant des vaccins contre le Covid-19 ne pourrait être approuvé par les autorités sanitaires en Géorgie par exemple. Une condition qui ne respecte pas la stratégie de diversification mise en place par les Etats dans leurs approvisionnements de vaccins anti-covid. Cette politique d’influence est appuyée par les services économiques et diplomatiques des ambassades chinoises sur place mais également par des oligarques locaux particulièrement proches des milieux décisionnaires notamment en Géorgie.

 

Une guerre d’influence

La signature de contrat de vaccins chinois dans le monde entier permettrait à Pékin de mettre en avant la bonne gestion du pays et de démontrer le déclassement symbolique des pays occidentaux. Pour d’autres, des partenariats plus explicites peuvent être avancés et où une dimension militaire peut y être ajoutée à l’instar de l’Indonésie. En septembre 2020, les ministres de la défense de ces deux pays se sont rencontrés pour signer un accord de livraison sur les candidats vaccins de CanSino Biologics en priorité pour l’armée indonésienne. Un contrat qui laisse présager des intérêts militaire chinois dans la région.

Le 10 décembre 2020 s’est déroulée la 14eme réunion des hauts fonctionnaires du Forum pour la Coopération sino-africaine (FOCAC). Prévue initialement au Sénégal, cette réunion qui devait se dérouler à Dakar s’est organisée directement à Pékin en présence de hauts dignitaires du régime : le ministre assistant des Affaires étrangères, le vice-ministre du Commerce et différents directeurs de département et de développement du ministère des Affaires étrangères et du ministère du commerce. Au cours de ce forum, la Chine a clairement énoncé ses intérêts sur ce continent.

Diplomate, elle a rappelé, la suspension de 172 millions de dollars de dettes réparties entre 12 pays africains. Un geste commercial considéré comme insuffisant par la vice-ministre égyptienne compte tenu de l’importation de produit chinois en Afrique de 2015 à 2021 dont la somme totale est estimée à 120 milliards de dollars. Durant les échanges, les représentants chinois se sont engagés vis-à-vis des pays représentés à faire de son vaccin anti-covid un bien public global. Face à la demande africaine de vaccins, Pékin en a profité pour asseoir ses revendications en particulier l’absence de vols directs entre la Chine et plusieurs pays africains.

Très présente en Ethiopie, la Chine a souhaité que ce pays devienne la plateforme logistique de distribution du vaccin chinois en Afrique. La compagnie aérienne Ethiopian Airlines devrait jouer un rôle similaire à celui fait par la société chinoise Alibaba en mars 2020 en transportant les masques offerts, généreusement eux aussi.

 

Une protection efficace ?

Avec une efficacité globale autour de 50,50%, le vaccin de Sinopharm, Coronavac, franchit tout juste la barre symbolique d’acceptation de 50% permettant son exploitation (contre plus de 90% pour les autres). Il fait partie des vaccins les moins protecteurs bénéficiant d’autorisation de mise sur le marché dans le monde. Les accords abusifs des groupes pharmaceutiques chinois risqueraient de placer les pays qui en auraient recours à un sentiment de dépendance et empêcheraient de se procurer d’autres vaccins potentiellement moins chers et bénéficiant d’une meilleure protection. Certains pays en font déjà les frais.

Manque de transparence, lobbying impressionnant, résultats peu probants…, les critiques à l’égard des vaccins chinois et de la politique vaccinale de Pékin sont nombreux. Elles sont d’autant plus naturelles que certains résultats parlent d’eux-mêmes. Plusieurs pays (Chili, Bahreïn, Mongolie ou encore Les Seychelles) qui ont eu recours aux vaccins de Sinopharm et de SinoVac sont depuis quelques semaines confrontés à un regain du nombre de foyers de contaminations, y compris sur des personnes ayant reçu deux doses de vaccin.

Mais à qui la faute ? Aux autorités locales dans leur gestions et stockage des doses ou alors à la faible protection des vaccins eux-mêmes ? Même si les chances de protection sont plus faibles, certains spécialistes estiment que les pays qui ont eu recours à ces achats massifs n’avaient d’autres choix de le faire pour plusieurs raisons : le faible coût des doses (2 à 3 fois moins cher minimum que ses concurrents), l’assurance d’avoir tout de même une protection minimale, une livraison sûre avec des conditions de conservation plus faciles notamment en terme de température et surtout… une relation exclusive avec la Chine pouvant laisser paraître d’autres intérêts futurs (stratégiques, économiques et/ou militaires…). Désormais l’erreur serait de croire que la population des 80 pays vaccinés par la Chine est véritablement protégée du Covid-19.

Un exemple de guerre économique qui a tout de même porté ses fruits puisque la Chine aurait vendu aux alentours de 800 millions de doses dans le monde. Ces ventes donneront à coup sûr de beaux partenariats et une implantation durable en Afrique… Au détriment de la France et de l’Europe.

 


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