Le Suffren est un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français lancé en 2019. Symbole de la souveraineté française, ce premier né du programme Barracuda est capable de détruire des infrastructures terrestres lourdes à longue distance.
Le 6 novembre 2020, la Marine nationale recevait le Suffren, premier exemplaire d’une série de six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de deuxième génération. Plus performant, doté d’un réacteur nucléaire assurant l’autonomie quasi illimitée du bâtiment et aussi bruyant qu’un banc de crevettes, ce sous-marin d’avant-garde répond aux nécessités d’une armée devant continuellement chercher à surclasser ses adversaires. Il est le 8e bâtiment de la marine à porter le nom du « bailli de Suffren », marin légendaire (1729-1788) dont la bravoure était telle qu’il était surnommé « l’amiral Satan » Outre-Manche.
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Le Suffren est issu du programme Barracuda, lancé en 1998 par la Direction Générale de l’Armement (DGA), organe en charge du développement de l’armement au profit des forces armées françaises. Ce programme vise à assurer le remplacement des SNA de type Rubis, mis en service au début des années 1980, et dont l’âge rend ce renouvellement nécessaire. La livraison des SNA Barracuda devrait s’échelonner jusqu’en 2030. Leur durée de vie étant estimée à plus de trente ans, ils devraient rester en service jusqu’en 2060.
Emploi opérationnel
La génération des SNA Barracuda poursuivra les missions classiquement attribuées aux SNA de la classe précédente, à savoir : soutien à la dissuasion par la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), maîtrise des espaces aéromaritimes, escorte de bâtiments stratégiques et recueil de renseignements. De nouvelles missions leur seront également attribuées. Elles recouvrent les frappes de précision contre des zones terrestres et la mise en œuvre de nageurs de combat en vue de la réalisation d’opérations subaquatiques de longue durée et renouvelables. Pour ce faire, ils seront équipés de missiles longue distance d’une portée supérieure à 1000 km (« missiles de croisière navale », MdCN) et d’un hangar de pont permettant le déploiement de véhicules sous-marins commandos.
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Le 20 octobre 2020, la ministre des armées Florence Parly annonçait la réussite des tirs de MdcN depuis le Suffren : « Pour la première fois, un sous-marin français tire un missile de croisière. Ce succès confère une nouvelle capacité stratégique à notre Marine et la place parmi les meilleures au monde. Ce nouvel armement est une véritable rupture, fruit d’années d’efforts et d’investissements ». En plus d’une amélioration considérable de la capacité de frappe de la marine nationale, le système d’exploitation du bâtiment a été revisité et permet de commander à distance l’ensemble des installations du Suffren. Ces éléments combinés à une amélioration de la discrétion du bâtiment et à une augmentation de son autonomie, portée à 70 jours contre 45 actuellement, font du Suffren un atout remarquable et un adversaire redoutable.
L’industrie française mise à l’honneur
La maîtrise d’ensemble du programme a été confiée à la DGA et à ses centres d’essais qui ont notamment assuré le développement du système propulsif du sous-marin, les systèmes de communication ainsi que les essais des MdCN devant équiper le Suffren. Le commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, acteur majeur de la recherche en matière énergétique au niveau national, s’est vu confier la maîtrise d’ouvrage déléguée de la chaufferie nucléaire. C’est le géant industriel français Naval Group qui a été en charge de l’architecture d’ensemble et les systèmes de combat. En tout, ce sont plus de 100 petites et moyennes entreprises françaises (PME) qui ont été associées à la réalisation de ce bâtiment hors normes, représentant un coût de plus de 9 milliards d’euros pour l’ensemble du programme. Des milliers d’emplois sont concernés sur ce chantier titanesque dont la fin n’est prévue que dans dix ans au plus tôt. La livraison du second Barracuda, le « Dugay Trouin », est prévue pour 2022 avec une admission au service actif prévue à l’horizon 2023.
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Au-delà du bond opérationnel et technologique opéré par le lancement du Suffren, il faut noter un détail non-négligeable : l’emploi d’organes d’observation optroniques se fait au détriment des périscopes qui perdent leur place pourtant légendaire.
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