Memes Royalistes se présente comme un « collectif informel de graphistes ». Par l’humour, le collectif entend mener une guérilla culturelle sur les réseaux sociaux. Entretien avec ces royalistes du net.
Memes Royalistes, qu’est-ce que c’est ?
Memes Royalistes est un collectif informel de graphistes qui existe depuis 2 ans. Nous rassemblons une communauté de plus de 52 000 fans sur Facebook et presque 16 000 abonnés sur Twitter. Nous proposons un contenu humoristique politisé à travers les mèmes.
En quoi le mème peut-il être un combat culturel pour le retour du roi ?
Le principal intérêt du mème c’est sa viralité. La sous-culture mémique permet de toucher et d’interagir avec un public jeune (75% de notre public sont des jeunes entre 18 et 24 ans). Par l’humour, nous infusons des idées royalistes. L’idée avec Memes Royalistes et notre magazine Création c’est de participer à la construction d’une contre-culture.
Dans vos mèmes, vous « trollez » publiquement Louis de Bourbon, duc d’Anjou et prenez le parti de Jean de France, comte de Paris. En affichant cette division, n’est-ce pas là une façon de rabaisser l’idée royale ?
Cette division n’a d’intérêt que pour ceux qui accordent un quelconque crédit à cette querelle de chapelles. Le gimmick « Yé né prétends pas, yé suis » a permis de mettre à jour l’hystérie alphonsiste de nombreuses fois dans les commentaires. De plus, en tant que royalistes, nous ne craignons pas d’afficher des divergences internes : ce qui unie les royalistes conséquents, c’est l’institution royale. Pour le reste on peut débattre franchement (quitte à employer l’ironie).
« Avant le coup de force » est le titre du quatrième numéro de votre magazine Création, la violence est-elle essentielle en politique ?
Elle n’est pas essentielle mais en tout cas, elle est indissociable du combat politique. La violence est revenue en force dans l’espace public avec les Gilets Jaunes. La violence peut être polémique comme l’a fait Médiapart avec ses révélations sur François de Rugy ou antérieurement François Fillon. La violence est aussi physique lorsqu’on se confronte au « détenteur du monopole de la violence physique légitime » (Max Weber) ou à des adversaires politiques. La question est maintenant de savoir si « la violence est [toujours] au service de la raison » (Charles Maurras).
De quoi va parler le prochain Création ?
Notre équipe a décidé de tirer les leçons de la mobilisation des gilets jaunes et de poser la question de la stratégie révolutionnaire. On parle de guérilla urbaine à Hong Kong, de Révolution conservatrice allemande, d’Hannah Arendt, de François Villon, de Game of Thrones et de pop culture. A noter tout spécialement dans ce numéro, un entretien avec Laurent Izard sur son livre La France vendue à la découpe (éditions l’Artilleur).
Comment analysez-vous la crise des gilets jaunes ?
C’est un soubresaut de la « France périphérique » (Christophe Guilluy), un magnifique mouvement apartisan qui résulte du parlementarisme et des politiques engagées par nos gouvernants depuis des décennies.
La monarchie serait-elle une solution à ce genre de crise ?
La Monarchie telle que nous la défendons répondrait à cette crise de plusieurs manières. D’abord l’autorité nécessite l’unité de direction et seul un Roi, souverain héréditaire donc indépendant de l’élection pourrait redresser la France. A travers l’hérédité, l’intérêt du Roi et de toute sa famille se confondrait avec l’intérêt du pays. Le Roi serait responsable, il répondrait de sa personne en cas d’erreurs tandis qu’aujourd’hui, les parlementaires se cachent derrière « la souveraineté du peuple ». Le pouvoir serait indépendant, le Roi n’a pas besoin de faire fortune car il ne dépend ni d’un parti, ni des gros électeurs ni des financiers. Une Monarchie décentralisée laisserait davantage de libertés aux institutions locales, ce qui signifierait une diminution des dépenses de l’État central et par ricochet des impôts. Contrairement à ce que la République veut nous faire croire, l’État n’est pas décentralisé. Il est déconcentré. Avec le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), les gilets jaunes veulent que le peuple soit davantage consulté. Il pourrait l’être dans une monarchie décentralisée où n’existerait plus l’écran des partis, à travers des assemblées provinciales par exemple, ce qui impliquerait dans le même temps une plus grande proximité entre les citoyens et leurs représentants.
Les articles de votre numéro ne sont pas signés. Pourquoi ? Qui est derrière Memes Royalistes et Création?
Nous ne cachons rien à notre public, hormis nos identités. Nous nous inscrivons dans cette démarche de « complot à ciel ouvert » développé par Charles Maurras dans Si le coup de force est possible. Cet anonymat nous le justifions pour deux raisons. Premièrement, nous sommes des comploteurs. Nous ne recherchons pas la visibilité pour nous-mêmes mais pour nos idées. Deuxièmement, plusieurs d’entre nous, sont militants politiques et tiennent à protéger leur vie privée. Nous ne briguons pas un poste dans un appareil politique, ce que nous voulons c’est la victoire.
Propos recueillis par Charles de Blondin