Visite du président de la République du Bénin, Patrice Talon en France en mars 2018. ©Présidence de la République du Bénin

Au Bénin, la justice a annoncé l’arrestation de trois personnes accusées de préparer un coup d’État contre le président de la République, Patrice Talon.

 

« Je voudrais que nous fassions tous confiance à la justice de notre pays pour nous situer et, le cas échéant, connaître d’un procès », a affirmé Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement béninois, après l’annonce de la tentative de coup d’État déjouée. Alors que les détails de cette affaire se précisent, le Bénin, souvent considéré comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, fait face à une épreuve délicate. Le pays, contrairement à ses voisins, n’a plus connu de coup d’État depuis 1972.

 

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Dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024, l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky et l’homme d’affaires Olivier Boko, proche du président Patrice Talon, ont été interpellés pour avoir planifié un coup d’État. Le commandant de la Garde républicaine, Djimon Dieudonné Tévoédjrè, en charge de la sécurité présidentielle, aurait été approché pour mener ce putsch, une opération qui devait se dérouler dans la journée du 27 septembre. Les suspects auraient tenté de le soudoyer avec une somme d’1,5 milliard de FCFA pour obtenir son soutien, selon le procureur de la République, Mario Metonou.

Face à cette situation, le gouvernement béninois a réaffirmé son engagement à laisser la justice suivre son cours, en mettant en avant la solidité des institutions démocratiques du pays. « C’est un crève-cœur que de devoir aborder un tel sujet », a déploré Houngbédji, appelant à la retenue et au respect des procédures judiciaires.

 

Un soutien politique

Les réactions politiques n’ont pas tardé à se faire entendre. Le parti d’opposition Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), 4e force politique du pays, a fermement condamné cette tentative de coup d’État. Dans un communiqué, la formation politique dirigée par Paul Hounkpè a réaffirmé son opposition à toute accession au pouvoir par des moyens autres que les urnes et a invité la justice à traiter cette affaire « en toute impartialité », en garantissant les droits des mis en cause.

 

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Par ailleurs, d’autres formations politiques de la mouvance présidentielle, comme le Bloc Républicain, parti dont est issu l’un des mis en cause, ont également exprimé leur soutien au président Talon, en déplorant la gravité de l’affaire et en appelant à la vigilance pour préserver la paix et la stabilité du pays.

 

Une fin de mandat en 2026

Le président Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, est attendu à la fin de son second mandat en 2026, et la question de sa succession agite les cercles politiques du pays. Olivier Boko, autrefois un allié proche du chef de l’État, aurait nourri des ambitions présidentielles qui auraient déplu à Talon.

Cependant, malgré les tensions internes et les ambitions politiques qui entourent la succession de Patrice Talon en 2026, le pays semble vouloir maintenir le cap de la stabilité institutionnelle et démocratique, un exemple rare dans une région secouée par des coups d’État militaires fréquents. Depuis l’instauration du multipartisme dans les années 1990, le Bénin a cultivé une tradition de stabilité politique.

 

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Alors que le pays se prépare à l’après-Talon, dans un climat où les ambitions pour la succession présidentielle de 2026 exacerbent les tensions au sein du pouvoir et de l’opposition, cette dernière peut encore compter sur les institutions en place.

Un membre des Démocrates, principal parti d’opposition, qui n’a pas encore fait de déclaration publique, s’est confié sous couvert d’anonymat, adoptant un ton à la fois critique et prudent sur les événements récents. « Même si les Béninois pensent pour la plupart que cette tentative ressemble davantage à une révolution de palais, un véritable coup d’État dans notre pays est inconcevable », lance-t-il avec une pointe de réalisme. Loin d’alimenter la frénésie médiatique, il appelle à la vigilance : « Nous devons préserver l’essentiel et éviter de replonger dans les heures sombres de l’histoire. Notre combat doit être de prendre le pouvoir par les urnes, pas par la force ».

 


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