Dans une enquête du 16 octobre, Le Monde publie des témoignages accusant des casques bleus de la force MINUSCA de viols. Des accusations réfutées par l’ONU estimant que ces troupes n’ont pas été déployées dans ces localités.
A plus de 1 000 km du Kivu, région en proie à de fortes tensions géopolitiques entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, c’est au tour de la République Centrafricaine d’être le théâtre d’un nouvel épisode de désinformation ciblant Kigali. Sous couvert d’une enquête fouillée publiée le 16 octobre, Le Monde met en cause les casques bleus rwandais en République Centrafricaine, relayant des témoignages les accusant de viols. Pour l’ONU, les faits dénoncés ne peuvent pas avoir eu lieu.
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« Nous notons avec regret que les articles, pour lesquels nous avons fourni des informations détaillées, mentionnent des contingents qui n’ont jamais été déployés dans les localités où les cas présumés auraient eu lieu » rapporte la MINUSCA (la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine) dans un communiqué du 17 octobre 2024. La formule est claire, sans ambiguïté et provient d’une institution faisant autorité. Elle réfute donc les accusations de viols portées par le journal Le Monde et The New Humanitarian à l’encontre de casques bleus rwandais.
« Les articles reposent principalement sur des témoignages présumés de victimes », indique la MINUSCA, qui explique, par ailleurs, mettre en place « de nombreuses mesures de prévention contre les actes d’exploitation et abus sexuels ».
Une opération de désinformation ?
De forts soupçons laissent à penser qu’il s’agirait d’une opération de désinformation orchestrée en coulisses par la République Démocratique du Congo. Au regard des éléments avancés par l’ONU, les différentes agressions supposées, rapportées par Le Monde, semblent alimenter ainsi les soupçons d’une manipulation orchestrée pour ternir la réputation des casques bleus rwandais et discréditer leurs efforts déployés en République Centrafricaine, dans le cadre de la MINUSCA, notamment en faveur du maintien de la paix, mais aussi dans la lutte contre les violences sexuelles.
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Car, au sein de cette mission de l’ONU, les initiatives en ce sens sont nombreuses : mise en place d’une ligne téléphonique gratuite pour assister les victimes de viols, création de 48 comités locaux de prévention et de réponse, composés de plus de 1000 hommes et femmes, servant de « relais essentiels entre les communautés et la Mission » ou encore l’offre de possibilités pour les victimes de contacter directement les personnels de la MINUSCA, des agences de l’ONU ou des ONG partenaires présentes sur le terrain.
« La prise en charge des victimes est au cœur de notre stratégie globale de prévention et de réponse aux actes d’exploitation et d’abus sexuels », rappelle la MINUSCA dans son communiqué et déclare également rester « fermement engagée à la mise en œuvre de son mandat pour la stabilité et une paix durables pour tous les Centrafricains sur l’ensemble du territoire national ».
A rebours complet des témoignages rapportés par le quotidien français, les troupes rwandaises sont, au regard de leur participation à des missions au Darfour à partir de 2004 ou en Haïti, après le séisme dévastateur de 2010, réputées pour leur discipline stricte. « La réputation et l’efficacité des casques bleus rwandais ne peuvent pas être remises en question », rappelaient d’ailleurs les Forces de Défense Rwandaises dans un communiqué de presse, publié le 16 octobre, en réponse à la publication de l’article du Monde.
Ce dernier serait, en réalité, à replacer dans un contexte de guerre larvée où l’information est utilisée comme une arme, notamment pour relayer des accusations ciblant le Rwanda sur la scène internationale.
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Depuis fin 2021, la RDC accuse régulièrement le Rwanda de vouloir déstabiliser la région, en pointant du doigt le soutien actif qu’apporterait Kigali au Mouvement du 23-Mars (M23), une rébellion tutsi congolaise ciblant des civils. Le gouvernement du Rwanda a toujours formellement démenti ces accusations. A l’inverse, afin de lutter contre le M-23, le président de la RDC, Félix Tshisekedi n’a pas hésité, en novembre 2022, à appeler « la jeunesse » de son pays à « s’organiser en groupes de vigilance », en vue « d’appuyer, d’accompagner et de soutenir » les forces armées de la RDC, événement favorisant la résurgence des « wazalendo », des groupes d’autodéfense, pointés du doigt pour leurs multiples abus à l’encontre des civils dans des rapports d’ONG, à l’image d’Human Rights Watch.
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