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Hydrocarbures en Azerbaïdjan : les enjeux énergétiques occidentaux et eurasiatiques

Les richesses naturelles en pétrole et en gaz de l'Azerbaïdjan en font un acteur économique majeur dans la région du Caucase. © Capture d'écran / DRT World

Les richesses naturelles en pétrole et en gaz de l'Azerbaïdjan en font un acteur économique majeur dans la région du Caucase. © Capture d'écran / DRT World

L’Azerbaïdjan occupe une place stratégique dans le paysage énergétique du Caucase en raison de ses vastes réserves en hydrocarbures, notamment de pétrole et de gaz. Ces ressources ont des implications majeures pour les pays voisins, notamment la Turquie et la Russie, qui sont tous deux des acteurs clés dans la région mais aussi pour certains pays occidentaux et asiatiques.

 

L’Azerbaïdjan revêt une importance cruciale dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie en raison de ses vastes ressources, notamment ses gisements pétroliers à Shaz Deniz et Azeri-Chirag-Guneshli. Selon les données de Oil-Total Proved Reserves, parmi 49 pays, l’Azerbaïdjan se classe vingtième en termes de réserves prouvées de pétrole et vingt-cinquième pour les réserves prouvées de gaz dans le monde. Le potentiel offshore de l’Azerbaïdjan reste largement inexploité. En août 2020, le pays est devenu le premier fournisseur de gaz naturel de la Turquie, consolidant ainsi sa position en tant que carrefour géostratégique majeur.

 

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Cela se reflète dans les infrastructures énergétiques telles que l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, qui s’étend jusqu’à la Méditerranée, l’oléoduc Bakou-Soupsa vers la mer Noire via la Géorgie, l’oléoduc Bakou-Novorossisk passant par la mer Noire et la Russie, ainsi que le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum. Le 30 octobre 2017, l’inauguration de la ligne ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars a été un jalon significatif dans le cadre du projet des Nouvelles Routes de la Soie, renforçant le corridor Chine-Asie centrale-Asie occidentale.

 

Le gisement Azeri-Chirag-Guneshli et le gazier Shah Deniz

Le gisement Azeri-Chirag-Gunashli (ACG) est exploité grâce à ce qui est communément appelé « le contrat du siècle », signé le 20 septembre 1994 par un consortium de onze compagnies pétrolières sous la supervision de la British Petroleum (Royaume-Uni) qui détient 30,37% des parts. En détaillant la répartition des parts, on constate que la compagnie pétrolière de la République d’Azerbaïdjan (SOCAR), détient 25% des parts, le Japon 9,31% des parts INPEX et 3,65% avec Itochu, la Hongrie 9,57 % (Molgroup), la Norvège 7,27% (Equinor), les États-Unis 6,79% (ExxonMobil), la Turquie 5,73% (TPAO) et l’Inde 2,31% (ONGC Videsh).

 

Actionnariat du gisement d’Azeri–Chirag–Gunashli et de Shah Deniz en Azerbaïdjan. ©BDF

 

Initialement prévu pour se terminer en 2024, ce contrat a été prolongé en 2017 jusqu’en 2049. En vertu de l’accord de partage de la production (PSA), SOCAR détient une part de 25% dans le complexe ACG. La majeure partie de la production est acheminée via l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan pour l’exportation des ressources extraites du gisement.

 

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De son côté, le champ gazier Shah Deniz est opéré par British Petroleum (Royaume-Uni), qui détient 29,99% des parts, SGC (Azerbaïdjan) 21,02 %, Lukoil (Russie) 19,99 %, TPAO (Turquie) 19%, Nioc (Iran) 10 %. 

 

Les actionnaires des oléoducs et gazoducs dans la région

On constate que le gaz prélevé du gisement peut être exporté à une échelle réduite via le South Caucasus Pipeline (SCP) qui relie l’Azerbaïdjan à la Géorgie et la Turquie. Celui-ci est financé majoritairement par la British Petroleum qui détient une part de 29,99%, l’Azerbaïdjan 21,2% via la SOCAR (14,35%) et la SGC (6,67%), la Russie 19,99% (Lukoil), la Turquie 19% (TPAO) et l’Iran 10% (NICO).

De son côté, l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan non loin du Haut Karabakh, est financé majoritairement par la Banque mondiale (la BERD) et des banques américaines sous l’égide de British Petroleum qui détient 30,1% des parts. SOCAR possède 25%, les Etats-Unis 13,76% avec Unocal (8,90%), ConocoPhilips (2,50%) et Amerada Hess (2,36%) ; la Norvège 8,71% (Equinor), la Turquie 6,53% (TPAO), le Japon 5,90% avec Itochu (3,40%) et Inpex (2,50%) ; l’Italie 5% (Eni/Agip) et la France 5% (TotalEnergies).

L’oléoduc passant par la Turquie, celle-ci, tout comme la Géorgie reçoivent un dividende/redevance. C’est justement par le rendement de cet oléoduc que l’Azerbaïdjan a pu moderniser son armée, réinvestir dans du matériel militaire, acheter des drones turcs et israéliens et avoir les moyens de prendre l’avantage au Haut-Karabakh. Autrement dit, les actionnaires étrangers des champs de ressources énergétiques peuvent non seulement bénéficier des ressources, mais également posséder des parts dans ces projets.

 

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Pour constituer un véritable corridor gazier sud et assurer le transport des gisements azéris vers l’Occident, TANAP et TAP sont construits en faisant notamment des prêts à la Banque européenne d’investissement (BEI). TANAP est détenu à 58% par SOCAR alors que cette fois-ci British Petroleum n’en détient que 12%. La Turquie via BOTAS détient 30% des parts. BERD et BAD de même que BAII participent aussi en accordant un prêt. Celui-ci rejoint le TAP qui est détenu à 20% par l’Azerbaïdjan, l’Angleterre et l’Italie via SOCAR, British Petroleum et Snam. Le reste des parts est ensuite partagé entre la Belgique, et la Suisse.

Deux points peuvent être retenus. TANAP est une pièce maitresse qui se lie au TAP pour assurer le transfert des ressources en Occident ; TANAP est majoritairement détenu par l’Azerbaïdjan. Celle-ci est en position de force pour contrôler les transferts de ressources énergétiques tout en étant une alliée de la Turquie : « une seule nation, deux Etats ». Les investissements effectués en Azerbaïdjan et les accusations portées contre l’Arménie pour avoir fomenté des attaques à proximité des oléoducs ont créé un risque de pertes financières pour les puissances étrangères. En comparaison, l’Arménie dispose de peu de ressources. Par conséquent, il existe objectivement plus d’intérêts économiques à soutenir l’Azerbaïdjan dans la question du Haut-Karabakh plutôt que de s’y opposer. Cette situation s’applique également à la Russie, vers laquelle la Turquie s’est rapprochée depuis 2016.

 


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