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RDC : l’engagement de Félix Tshisekedi pour la paix au Nord-Kivu suscite des interrogations

Entretien entre Emmanuel Macron, Paul Kagame, président du Rwanda (à gauche) et Félix Tshisekedi, président de la RDC (à droite) en septembre 2022 à New York. ©Paul Kagame

Les actions de Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC), continuent de soulever des doutes sur sa volonté de restaurer la paix au Nord-Kivu, malgré les médiations internationales.

 

Depuis son élection, Félix Tshisekedi a promis de ramener la paix au Nord-Kivu, une région stratégique pour la stabilité de la République démocratique du Congo (RDC). Malgré diverses médiations internationales notamment celle du facilitateur de l’Union africaine, João Lourenço, président de l’Angola, le conflit au Nord-Kivu reste dans l’impasse dix ans après le début du mandat du président Tshisekedi. Les décisions de son gouvernement sont de plus en plus critiquées par certains experts et observateurs internationaux.

 

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Lors d’un discours sur la place de l’indépendance à Bukavu dans le Sud-Kivu en 2019, le président de la RDC déclarait : « Notre combat sera celui de vous apporter la paix, une paix définitive, une paix nécessaire pour la stabilité de notre pays. » Des promesses de paix compliquées à tenir compte tenu de ses actions qui sont parfois perçues par beaucoup comme contre-productives, exacerbant les tensions au lieu de les résoudre.

 

Un manque de participation aux négociations

Le président Tshisekedi est critiqué pour son manque de participation active aux négociations de paix. Lors de la réunion ministérielle entre les délégations rwandaise et congolaise en août 2024, certains observateurs ont noté une implication insuffisante de la partie congolaise tandis que d’autres sources soulignent le risque de guerre avec le Rwanda.

Dans une interview au Figaro, Félix Tshisekedi n’a pas écarté l’éventualité d’un conflit armé avec le Rwanda, dénonçant les incursions rwandaises et l’exploitation illégale des ressources congolaises. « Une guerre est possible, je ne vous le cache pas. Ce pays, qui est notre voisin, viole notre territoire pour piller nos minerais critiques et terroriser nos populations » avait-il lancé en fustigeant « l’inertie de la communauté internationale » à qui il a demandé de prendre des sanctions contre le Rwanda.

 

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En février dernier, il a également dénoncé un accord entre l’Union européenne et le Rwanda qui vise à renforcer la coopération sur les minerais. « C’est comme si l’Union européenne nous faisait la guerre par procuration. » avait-il déclaré. « Nous allons user de toutes les voies diplomatiques y compris judiciaires pour faire annuler cette motion qui a été signée ».

L’une des principales controverses autour de la gestion du conflit par le président congolais est le soutien apporté aux milices Wazalendo. Ces groupes armés, alliés de l’armée congolaise, sont engagés dans les combats contre le groupe rebelle M23. Financé en partie par le gouvernement, ce soutien ajoute une couche de complexité au conflit, rendant les négociations avec le Rwanda et les efforts internationaux de médiation plus difficiles.

 

Une stratégie orientée vers le pouvoir politique

Pour certains analystes, Tshisekedi utilise la crise sécuritaire pour consolider son pouvoir politique et détourner l’attention des défis internes auxquels il fait face. Sa stratégie, axée sur le soutien militaire plutôt que sur des négociations pacifiques, est perçue comme un moyen de renforcer sa position tout en maintenant une pression sur les forces adverses. Cette approche soulève des critiques, car elle semble davantage orientée vers la consolidation du pouvoir que vers une véritable recherche de paix.

 

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Alors que les discussions internationales se poursuivent pour tenter de stabiliser la région, l’engagement du président Tshisekedi reste ambigu. Les prochaines rencontres entre les diplomates congolais et rwandais seront déterminantes, mais tant que le soutien aux milices locales perdurera, la possibilité d’une résolution pacifique semble éloignée. Les observateurs craignent que cette stratégie ne fasse qu’alimenter les conflits, prolongeant l’instabilité au Nord-Kivu. Les guerres successives dans la région depuis 1997 ont déjà fait entre plusieurs centaines et plusieurs millions de morts ainsi que des millions de déplacés.

 


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