Yacoub Sidya est un chef d'entreprise mauritanien spécialiste de la sécurité en Afrique.

Yacoub Sidya est un chef d'entreprise mauritanien spécialiste de la sécurité en Afrique.

Discret mais influent, Yacoub Sidya est aujourd’hui l’une des figures majeures de la sécurité privée en Afrique de l’Ouest. Patron de MSS Security et de Phoenix Precious Metals, il a su tisser un réseau d’affaires transfrontalier qui le positionne au cœur des enjeux de protection des sites miniers, du transport de valeurs et de la logistique stratégique. À travers ses actions, il incarne un modèle d’entrepreneuriat africain à la fois audacieux et controversé, naviguant entre succès économiques et cabales d’opposants.

 

Fils d’un ancien ministre mauritanien, Yacoub Sidya suit un parcours académique aux États-Unis, obtenant un diplôme en business management à l’université du Kentucky. Après un passage par le secteur des télécommunications, il fonde en 2005 MSS Security, qui s’impose rapidement comme le principal acteur de la sécurité privée en Mauritanie. Sa percée décisive survient avec l’obtention de contrats stratégiques auprès de multinationales telles que Kinross, ou encore les U.S. Marines et l’ONU, le positionnant comme interlocuteur incontournable des organisations internationales opérant dans la région. Face à des pressions politiques et économiques locales, il choisit de délocaliser ses opérations à Dubaï, où il fonde en 2015 Phoenix Precious Metals, spécialisée dans le transport de l’or et des devises. Ce repositionnement stratégique marque l’internationalisation de son empire.

 

A la conquête de nouveaux marchés

En quelques années, ses activités s’étendent au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Sénégal, à la Guinée et au Congo RDC. Par l’intermédiaire de ses sociétés MSS et Phoenix, il contrôle des segments stratégiques liés à la sécurité et au transport de valeurs. En Guinée, il joue un rôle de premier plan, notamment par sa proximité avec des personnalités influentes, dont le général Mamadi Doumbouya. Cette relation lui ouvre la voie à des projets de grande envergure, comme la création d’une compagnie aérienne privée dans le pays. Cette diversification s’accompagne de l’inauguration en 2021 du premier centre de maintenance aérienne privée en Mauritanie, un projet novateur qui renforce son indépendance et son contrôle logistique​. En 2023, le général Mamadi Doumbouya lui accorde la nationalité guinéenne suite à l’évacuation sanitaire de blessés et l’envoi de médicaments lors de divers incidents graves, à l’instar de l’explosion d’un entrepôt de carburant à Kaloum.

 

LIRE AUSSI → RÉCIT – Afrique du Sud : une traversée de Johannesburg

 

Au-delà de la sécurité privée, Yacoub Sidya est un acteur clé du secteur aurifère ouest-africain, grâce à Phoenix Precious Metals. La société assure le transport de l’or pour le compte de sociétés minières internationales, en s’appuyant sur des liaisons aériennes régulières avec Dubaï, une place financière de référence pour le commerce de l’or. Ce positionnement stratégique, qui place Yacoub Sidya au cœur des flux financiers et aurifères d’Afrique de l’Ouest, en fait une cible privilégiée des critiques et des campagnes de déstabilisation. Sa capacité à sécuriser des ressources stratégiques telles que l’or et les devises suscite l’intérêt, mais aussi l’hostilité de certains acteurs locaux et internationaux, souvent motivés par des rivalités commerciales ou des enjeux politiques.

 

Une campagne d’accusations ?

En 2018, des accusations surgissent à l’encontre de MSS-Sarl, une de ses filiales, au sujet d’un prétendu « circuit parallèle de transfert de fonds publics » de la Banque Centrale de Guinée (BCRG). Ce dossier, relayé par certaines sources anonymes dans la presse locale, mentionne des placements temporaires de devises sur des comptes privés avant leur retour dans les coffres de la Banque Centrale. Ces allégations n’ont donné lieu à aucune condamnation officielle. Pour ses soutiens, il s’agit là d’une tentative d’instrumentalisation visant à affaiblir son réseau d’affaires.

 

LIRE AUSSI → Union africaine : Mohamed Ould Ghazouani, de la tempérance pour de vrais résultats

 

Les attaques ne s’arrêtent pas là. En 2018, encore, la presse guinéenne fait ses choux gras d’une saisie de 77 kg d’or à bord d’un avion appartenant à Phoenix, l’une des sociétés de Yacoub Sidya. Les autorités guinéennes évoquent des exportations supposément non conformes, allant jusqu’à accuser la société d’avoir fait sortir illégalement 300 kg d’or par mois depuis les zones minières de Siguiri et de Mandiana. Du côté de Phoenix, la ligne de défense est claire : toutes les opérations sont menées dans le strict respect des législations nationales et internationales. L’entreprise affirme que ses flux sont certifiés et contrôlés par les autorités compétentes. Pour ses partisans, cette nouvelle campagne médiatique orchestrée viserait à ébranler la position dominante de Sidya sur le marché de l’or.

À l’international, Yacoub Sidya fait également face à des accusations de nature économique et commerciale. En 2022, il est visé par un contentieux aux États-Unis avec la société World Telecom Exchange Communications, LLC, qui l’accuse de détournement de secrets commerciaux et de conspiration commerciale. Après plusieurs recours, la cour suprême de Virginie ordonne le paiement de 3,996 millions de dollars. Cette décision, bien que notable, est perçue par ses proches comme l’aboutissement d’un acharnement judiciaire motivé par des intérêts concurrents. Pour certains, ce dossier symbolise les dérives de l’extraterritorialité judiciaire américaine, où les acteurs africains de premier plan deviennent des cibles privilégiées des multinationales cherchant à neutraliser leurs concurrents.

 

LIRE AUSSI → Romuald Wadagni : l’homme fort de l’économie béninoise

 

Ces accusations successives, aussi bruyantes que peu étayées, n’entament en rien l’influence de Yacoub Sidya. Les gouvernements, confrontés aux menaces djihadistes et à l’instabilité politique, cherchent des partenaires capables d’assurer la protection des mines, des infrastructures critiques et du transport de devises. Cette relation de dépendance mutuelle entre les États et Yacoub Sidya explique la prospérité de ses activités.

 


Vous avez apprécié l’article ? Aidez-nous en faisant un don ou en adhérant

Laisser un commentaire

RSS
YouTube
LinkedIn
LinkedIn
Share
Instagram

Merci pour votre abonnement !

Il y a eu une erreur en essayant d’envoyer votre demande. Veuillez essayer à nouveau.