Le 18 août 2024, Alain Delon s’éteignait dans sa 89e année. Un Guépard qui aura marqué à jamais le cinéma français.
18 août 2024. Mort d’Alain Delon. Un certain bleu s’efface. S’estompe. Sans s’éteindre. Entre regard et élément terrestre ou céleste. Cela laisse d’un seul coup triste. Plus que triste.
Il fut un géant livré aux hyènes; aujourd’hui, solitaire et immense, un Guépard rejoint les étoiles, les siennes, plus hautes: aux assurances et certitudes moins éphémères. C’était un beau format d’homme, et plus que cela: une présence féline à l’écran. Une présence mystérieuse, féline toujours et vive, et libre: hors de l’écran. Qui et quoi donc? Un être aux dimensions étranges, marqué par l’étrangeté vivante.
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L’un des derniers comédiens légendaires à la française. Et l’un des rares modèles de comédien français à la franche dimension complète et internationale. Il préférait utiliser un autre mot pour mieux qualifier et définir son métier ou sa carrière, tout son art complexe de traverser la vie et d’incarner un rôle, en vivant ce rôle; pour fixer son travail donc, pleinement, il le sentait et le disait comme étant justement: celui de l’acteur. Acteur, soit. Il l’était, au sens qu’il y entendait et souhaitait. Il précisait: « Je suis un acteur. Un comédien joue, il passe des années à apprendre, alors que l’acteur vit. Moi, j’ai toujours vécu mes rôles. Je n’ai jamais joué. Un acteur est un accident. Je suis un accident. Ma vie est un accident. Ma carrière est un accident … »
Un accident passé par l’Indochine. Par la fascination qu’il avait pour John Garfield. Passé aussi par René Clément, par Luchino Visconti, par Melville autant que par Losey, en fait: par tant d’autres… Un accident raciné ou engagé, bouleversé dans l’amitié et la complicité complexe avec d’autres acteurs, actrices ou comédiens. Un accident face à son public, aussi.
Minéral bouleversant ou subtil, sensible aussi, et superbe, il incarnait, isolé et tenace, un monde par lui-même. Un homme arrivé à la puissance et présence d’un mythe. Il était aussi en partie un Corse, et y tenant. Avant tout, peut-être, un homme fidèle en amitiés, et à l’amitié.
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Je pense aujourd’hui à José Giovanni, à Henri Verneuil, à Georges Lautner… A bien d’autres qui furent proches de lui, à Robert Enrico aussi, qui en fit un immortel Aventurier. Allons, à Dieu, Alain Delon !
Pour comprendre Alain Delon, il faut relire son portrait par Pascal Jardin, et méditer peut-être cette phrase de Michel Audiard: « Alain Delon est beau comme le Narcisse et malheureux comme les pierres. » Ce qui ne l’empêchait ni d’être grand ni d’être émouvant. Princier, populaire, contradictoire. Unique. Souriant et captif de ses larmes…
Il connaît sans nul doute la paix et, enfin, l’accueil : du très tendre silence.
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