Les médias ont une influence considérable dans la formation de l'opinion publique.

Les médias ont une influence considérable dans la formation de l'opinion publique.

À l’heure de l’économie de la connaissance, l’information a acquis une valeur certaine. D’une donnée servant à augmenter la compréhension du monde, l’information a également, au fil des siècles, acquis la valeur d’une arme que l’on oppose (argument d’autorité) ou dont on dispose (fausse information). Les vecteurs principaux de l’information, les médias, ont, eux, depuis maintenant des décennies, opéré un revirement déontologique pour certains. Des pères de la presse libre, indépendante et grinçante, nous sommes passés à l’ère de l’hétérogénéité contrôlée, du silence et de la falsification.

 

Les médias sont devenus aujourd’hui, en très grande majorité, non plus des organes d’information, ni d’opinion mais de formation de l’opinion. Pour s’en convaincre nous exposerons ici un bref historique des médias français depuis leur âge d’or à leur déclin, puis nous étudierons un cas spécifique montrant les velléités des médias d’orienter l’opinion : celui des attentats islamistes.

 

La presse d’antan

Depuis l’invention de l’imprimerie par Gutenberg la presse papier a connu un essor fantastique et une liberté modérée. À cheval entre la vente occulte et la censure d’État, la presse vivotait vaille que vaille caricaturant le pouvoir et transmettant l’information au prix de sérieux ennuis. Au XIXème siècle, la presse se développa et connut son essor, notamment en fin de siècle et début du siècle suivant. La loi de 1881 consacra la liberté de la presse et la pluralité réelle permit des débats libres au sein de la population et des chambres parlementaires.

 

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La République libérale laissa se diffuser des journaux royalistes, socialistes et même anarchistes pour le plus grand bonheur des lecteurs. Avec les tranchées apparut la presse engagée qui dénonça le bourrage de crâne (ex : Le Canard enchaîné). Peu à peu, la presse commença à changer de visage. L’État s’immisça et délivra une « vérité » hors de toute réalité. Dans le contexte guerrier, cette mainmise de l’État dans la description du réel fut justifiée par la nécessité de préserver le moral des soldats sur le front et des familles à l’arrière mais généra tout autant de défiance que de contentement. Un jour les morts doivent bien être comptés.

 

La presse actuelle

Le mauvais souvenir de la presse de guerre s’estompa peu de temps. Vingt ans plus tard c’est la propagande de l’étranger qui est diffusée sur Radio-Paris. Et si la France a pu reprendre possession de ses territoires perdus, la presse, elle, n’a pas récupéré les siens (faute de combat peut-être). Les républiques successives maintiennent d’abord une surveillance des médias (presse, radiodiffusion, télévision).

Les médias donnèrent l’information nécessaire mais non suffisante permettant de camoufler les secrets d’État. Par la suite, l’incarcération des médias se développa. De la télévision sous surveillance de l’État, nous sommes passés sans le savoir à une télévision d’État. Celle-ci n’informe plus le citoyen au travers de la présentation de sources vérifiables et vérifiées mais au travers de sources parfois manipulées voire fabriquées de toutes pièces.

 

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L’exemple le plus flagrant qui peut être donné est celui- ci : durant la période Covid, la grande majorité des médias affirmaient qu’une fois vacciné, il était impossible de transmettre le virus. Sur le plateau de Pascal Praud, le journaliste Geoffroy Lejeune a pu affirmer toutefois qu’« on a su assez vite que ce n’était pas vrai, mais on a été interdit de le dire » et Pascal Praud d’ajouter « Mais tout le monde le savait », « Mais évidemment ». Comment croire dès lors les médias ? D’autant plus que cette presse d’État existe depuis quelques temps en France. Dans les années quatre-vingt déjà les médias mentaient par omission (ex : le cas Mazarine Pingeot, fille cachée de François Mitterrand et élevée aux frais de l’État) et par action (ex : affaire du faux attentat de l’Observatoire ou encore de la profanation de Carpentras). Si les médias ont du poids dans la maîtrise et la diffusion de l’information, ils ont des liens de subordination : des actionnaires et des lignes éditoriales.

 

La presse d’intérêts

Les intérêts guident la ligne médiatique et fondent une presse d’opinion, c’est certain. Nous pouvons remarquer une certaine homogénéité entre les chaînes détenues par un même groupe qu’elles soient la propriété de l’État (service public), du groupe Bouygues (TF1 et dérivés) ou encore du groupe Bolloré (Canal+ et dérivés, le JDD etc.). La tête influence donc la ligne par une forme de soumission éditoriale des journalistes et par un tri de ceux-ci.

Pour autant, les journalistes sont également soumis à des intérêts privés plus discrets qu’ils ne mentionnent souvent pas. Certains journalistes, faisant croire parfois à une indépendance et à une hauteur de vue sont en réalité financés par des associations et des groupements suivant des intérêts de personnes privées (Open Society de George Soros et filiales, Bill et Melina Gates Foundation ; c’est souvent le cas des médias dit de « Fact-checking »), soit par des États étrangers (affaire en cours : Rachid M’Barki sur BFMTV).

Et quand c’est la personne publique qui décide des financement (par exemple l’État français), le choix de qui financer et quoi financer reste toujours à hauteur d’hommes ayant une inclinaison toujours plus prononcée d’un côté plutôt que d’un autre (en ajoutant en plus une discrète tutelle de l’État). En somme, les médias indépendants restent les seuls médias autofinancés et réellement autofinancés (si l’autofinancement découle en grande partie de grands mécènes il est fort à parier que la ligne leur sera favorable à eux).

 

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Mais loin de favoriser la pluralité, ces montages médiatiques génèrent en réalité une homogénéité assez surprenant, a fortiori dans les moments importants de la vie en société. Par exemple, comme nous avons pu l’indiquer, pour la Covid, les médias ont dû suivre une digne plutôt dictée même si cela allait à l’encontre de leur ligne éditoriale. Dans les moments décisifs, nous pouvons voir que les médias « anti-système » sont en réalité parfois bien dans le système.

 

Un traitement de l’information qui interroge

La couverture médiatique des différents attentats islamistes nous rappelle bien que la gestion du « temps de cerveau disponible » est plus que jamais d’actualité.

Les attaques aux couteaux inexpliquées de mineurs ou le fait de conduire à vive allure afin de tuer des personnes, notamment lors de fêtes traditionnelles occidentales relèvent d’une conduite laissant à penser à l’existence d’une radicalisation islamique. Ces méthodes d’actions sont d’ailleurs recommandées par les différentes organisations islamistes. Elles sont moins voyantes que la préparation d’un attentat nécessitant des armes lourdes et autres explosifs.

 

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Autrefois, les médias, admettaient l’évidence mais tançait la chose en psychiatrisant l’individu coupable de tels actes. Mais depuis plusieurs années, certains nient à proprement parler la qualification évidente des faits en constatant l’absence de preuves suffisantes (comme s’ils étaient des tribunaux et comme si les preuves n’étaient pas assez suffisantes) et en menant l’opinion vers une autre solution.

 

Une manipulation de l’information

Dans l’attentat d’Annecy en 2023, les médias s’emparèrent de l’atmosphère chrétienne nimbant le prévenu. Presque immédiatement les médias authentifièrent l’information. Il a d’ailleurs « prononcé la formule au nom de Jésus-Christ » comme le relève La Croix. À Southport en 2024, le Mirror et le Daily Record notent que la famille de l’assaillant est chrétienne, ce que reprend 20 minutes.

Pour d’autres affaires, l’information est encore plus sensationnelle. Au marché de Noël de Magdebourg en décembre 2024, l’individu serait un apostat de l’Islam pro-laïcité. Il aurait quitté cette religion pour s’attaquer à un lieu de culte chrétien et serait un laïc acharné alors que la laïcité au sens propre n’existe qu’en France comme le soutien Libération.

 

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Le 1er janvier 2025 à La Nouvelle-Orléans l’homme serait tout bonnement manipulé par des suprémacistes blancs (bien que noir de peau), l’information censée être donnée devient théorie du complot dans la bouche de la chercheuse Anne Kraatz sur BFM TV: « C’est le b.a.-ba de la provocation. On se focalise sur quelqu’un en lui faisant croire qu’on est soi-même des musulmans fanatiques pour le pousser à commettre un acte […] Il ne faut pas éliminer cette piste ! ». Même théorie fumeuse chez Cnews en la personne de Claude Moniquet. Ces nouveaux éléments aussi loufoques les uns que les autres ne dépassent toutefois pas la barrière de l’enquête et des faits.

 

Résultante de ces affaires

À La Nouvelle-Orléans l’homme s’était converti à l’Islam et s’était radicalisé par la suite. À  Magdebourg tout laisse à penser que l’homme était un islamiste, l’omerta reste toutefois importante, l’affaire pouvant avoir un impact sur les prochaines élections allemandes. À Southport, l’enfant de sacristie tueur s’était rélévé être un terroriste inspiré par sa lecture d’un manuel de formation d’Al-Qaïda découvert chez lui. À Annecy, enfin, le sauveteur des enfants de l’air de jeu, au détour d’une interview chez Guillaume Pley révéla des mois plus tard que l’homme était un ex-membre de Daesh qui s’était fait passer pour un chrétien d’Orient pour immigrer plus facilement.

Ces affaires de terrorisme ne sont toutefois pas les seules qui nous permettent de nous interroger sur la falsification du réel par certains médias. Nous pouvons citer pêle-mêle la fausse attaque des supporters anglais et espagnols au stade de France, la prédiction médiatique de la victoire de Kamala Harris à la présidentielle américaine, l’affaire des quinze cancers de Vladimir Poutine qui selon LCI aurait dû mourir il y a cinq ans, les ex-membres de l’État islamique droit-de-l-hommiste en Syrie (mensonge qui n’aura pas tenu le temps d’une poignée de main) etc.

 

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L’ère d’Internet permet en théorie une certaine liberté bien que Mark Zuckerberg (Facebook) a admis une censure sur certains sujets comme la Covid ou les affaires judiciaires entourant la famille Biden. Les réseaux sociaux les plus décriés comme Tiktok ou X (ex-Twitter) et les moyens de communication les plus honnis par une certaine presse comme Telegram restent des espaces de liberté quasi-intégraux, et permettent parfois une meilleure information que les médias traditionnels, à condition de procéder à un tri minutieux des sources. Les médias ne sont pas toujours fiables : grande déconvenue, mais grande leçon aussi.

« Les illusions perdues sont des vérités trouvées. » (Multatuli)

 


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