Mohammed Ould Ghazouan préside l'Union africaine depuis le 17 février 2024.

Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a subi des critiques sur son mandat à la tête de l’Union africaine. Des attaques qui ne semblent pas être légitimes alors même que son mandat n’est pas encore achevé.

 

Certains pays semblent avoir été érigés en cibles privilégiées d’une pensée unique omnipotente. Leurs efforts, quels qu’ils soient, sont systématiquement passés sous silence ou réduits à leurs aspects les plus critiquables.

 

Une tendance biaisée

Une délégation venue examiner la question sensible de l’esclavage moderne en Mauritanie a récemment reconnu, face aux progrès constatés, que l’on porterait de toute manière peu de crédit à ses résultats. Une logique de dénigrement qui s’étend également au rôle du pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, régulièrement décrié au moyen d’analyses dont les fondements sont douteux voire fallacieux. Hélas, le discrédit se poursuit.

Le 12 novembre 2024, la Mauritanie a essuyé de nouveau un flot de critiques dans une rubrique du journal en ligne Africa Intelligence. Au-delà du pays, c’est cette fois son président, Mohamed Ould Ghazouani, qui est directement visé. Le titre est sans équivoque : « Mohamed Ould Ghazouani et l’Union africaine, un rendez-vous manqué », ou la condamnation sans appel de son mandat à la tête de l’Union africaine.

 

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« À trois mois de la fin de son mandat à la tête de l’organisation panafricaine, le président mauritanien semble totalement absent des grands enjeux du continent (…) Le mandat de Mohamed Ould Ghazouani à la tête de l’Union africaine ne figurera vraisemblablement pas au chapitre des grandes présidences de l’organisation. » peut-on lire dans l’article. Il est légitimement possible de s’interroger sur les raisons d’attaques aussi brutales, alors même que le mandat en question est encore loin d’être terminé. Par ailleurs, un traitement journalistique objectif aurait pris en compte non seulement les actions déjà réalisées, mais également les deux grands événements à venir inscrits à l’agenda présidentiel.

Selon le journal en ligne, ce prétendu « manque d’enthousiasme » s’expliquerait par le fait que Mohamed Ould Ghazouani, réélu en juillet dernier à la tête de son pays, n’aurait pas souhaité assumer cette mission. Il est vrai que c’était au tour de sa sous-région d’exercer la présidence tournante de l’organisation. Toutefois, au ministère mauritanien des Affaires étrangères, cette interprétation, jugée certes romanesque mais totalement erronée, est catégoriquement réfutée.

 

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« La désignation du président de la République repose avant tout sur le consensus des chefs d’État de la sous-région, unanimes sur les qualités du dirigeant mauritanien, reconnu pour son sens de la mesure, sa pondération, sa diplomatie et son engagement envers les grandes causes africaines » rappelle une source ministérielle. Les faits semblent leur avoir donné raison.

 

Un bilan provisoire qui connaît des réussites

Président depuis février 2024, Mohamed Ould Ghazouani s’est d’abord attelé à des dossiers particulièrement sensibles, marqués par de profonds désaccords entre certains États membres et que beaucoup de ses pairs préféraient éviter. Parmi eux, l’épineuse question de l’élection de la haute direction de la Commission, en suspens depuis 2018 et source de blocages au sein de l’institution, a finalement été résolue. Il a également dénoué un autre dossier complexe et crucial : l’audit des compétences et l’évaluation des qualifications (SACA), en attente depuis des années.

 

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Le président mauritanien a également fait preuve d’un courage tangible en s’attaquant aux conflits les plus délicats du continent, tels que la crise entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, la guerre civile en Libye, ou encore le différend sur les ressources du Nil. Dès le début de son mandat, il a accueilli les délégués de Kigali et de Kinshasa pour entamer un dialogue. En Libye, véritable nœud gordien ayant conduit plusieurs médiateurs à abandonner, il a réussi, lors d’un récent déplacement à Tripoli, à faire avancer les négociations vers une charte de réconciliation nationale, consolidant ainsi les perspectives de stabilité. L’ensemble de ces démarches a été mené dans le strict respect des règles de l’Union africaine, notamment dans le cadre du processus de Luanda, de l’IGAD et du Comité de haut niveau dédié à la Libye.

Le journal poursuit son réquisitoire en notant que, bien qu’il ait multiplié les déplacements internationaux — participation au Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) début septembre, au Sommet de l’avenir de l’ONU les 22 et 23 septembre à New York, au sommet de la Francophonie début octobre en France, ou encore à Kazan, en Russie, pour le sommet des BRICS — « le chef de l’État mauritanien n’a jamais cherché à endosser le rôle de ‘patron de l’Afrique’ ».

 

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Une déclaration à la volée qui revient à méconnaître profondément l’engagement panafricaniste de Mohamed Ould Ghazouani, ainsi que sa méthode empreinte de finesse et de diplomatie. Héritier d’une longue lignée de grands érudits et marabouts, cet homme du désert incarne également la modestie et la tempérance requises par l’art de la diplomatie. À titre d’exemple, il a plaidé en faveur d’un programme Erasmus francophone pour favoriser une plus grande mobilité des écrivains. Il a également proposé la création d’une maison d’édition dédiée à la francophonie et travaille activement à la mise en place d’une chaîne télévisuelle d’information continue pour l’Union africaine.

Sur la scène internationale, le président Mohamed Ould Ghazouani a vigoureusement plaidé en faveur des intérêts du continent africain, s’attaquant à des dossiers cruciaux tels que la question de la dette, la réforme des institutions financières internationales, le changement climatique, ou encore le droit de l’Afrique à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. En neuf mois à la présidence de l’Union africaine, il n’a manqué aucun grand rendez-vous où il pouvait faire entendre la voix du continent : Sommet du G7, Sommet Corée-Afrique, Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), Assemblée générale des Nations unies, Sommet de l’Avenir, BRICS+, Conférence sur le climat, entre autres.

 

Encore trois mois de présidence

Le mandat de Mohamed Ould Ghazouani n’est pas encore arrivé à son terme, et les échéances à venir sont loin d’être insignifiantes. Deux événements majeurs sont prévus à Nouakchott. Le premier, un Forum continental qui se tiendra du 9 au 11 décembre, portera sur l’Éducation, la Jeunesse et l’Employabilité, une priorité pour le président et un pilier essentiel de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le second abordera la thématique de la « Souveraineté des pays africains dans le contexte géopolitique mondial » et réunira des acteurs publics et institutionnels, des experts, des leaders d’opinion, ainsi que des médias. Des rendez-vous décisifs, marqués par des approches innovantes, pour apporter des réponses aux enjeux d’avenir du continent.

 

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La présidence mauritanienne de l’Union africaine a permis de surmonter de nombreux obstacles qui entravaient le bon fonctionnement de l’institution. Elle a affronté des conflits internes avec détermination et a porté haut la voix de l’Afrique sur la scène internationale, en faisant valoir des préoccupations majeures telles que la réforme de la gouvernance mondiale. Pour le moment, le bilan provisoire de Mohamed Ould Ghazouani à la tête de l’Union africaine s’inscrit d’ores déjà dans l’histoire de l’organisation, n’en déplaise aux détracteurs.

 


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