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Vers un réenchantement du cinéma français ?

La salle du célèbre cinéma La Pagode située en plein cœur du 7e arrondissement de Paris.

Le cinéma français actuel se résume souvent à des comédies plus ou moins gênantes et à des films d’auteurs interminables et sans âme. Parfois, les réalisateurs dressent un tableau des mœurs nouvelles (féminisme, LGBT, antiracistes,…) afin d’obtenir de belles subventions du CNC. Condamné par ses seules errances, le cinéma français semble toutefois s’offrir un renouveau dans des genres oubliés de notre pays mais très fréquents partout ailleurs en Europe et Outre-Atlantique. Une nouvelle vague de cinéastes est prête à réenchanter nos salles obscures pour notre plus grand plaisir afin de faire renaître notre patrimoine horrifique, fantastique et de science-fiction.

 

La France peut se targuer non seulement d’être la nation qui enfanta le septième art, mais aussi celle qui le sublima grâce au travail d’un magicien de la pellicule : Georges Méliès. Qualifié par Charlie Chaplin « d’alchimiste de la lumière », Méliès est connu pour ses films féeriques et horrifiques. De Cendrillon (1899) à Barbe-Bleue (1901) en passant par Le Manoir du Diable (1896) ou encore Le Voyage dans la Lune (1902), Méliès préfigure au travers de ses 600 films les bases des films historiques, d’anticipations, fantastiques et d’horreurs. Par la suite de nombreux cinéastes reprendront ces thèmes majeurs afin de développer les différents genres.

Pour le cinéma d’horreur, nous pouvons citer Belphégor (1927/Desfontaines) ; La Charrette fantôme (1940/Duvivier) ou encore Les Yeux sans visage (1960/Franju)

Pour le cinéma fantastique, nous pouvons citer La Belle et la Bête (1946/Cocteau) ; Sylvie et les fantômes (1946/Autant-Lara) ou encore Peau d’âne (1970-Demy)

Enfin pour le cinéma d’anticipation, plus généralement de science-fiction, nous pouvons citer Paris qui dort (1925/Clair) ; Le Monde tremblera (1939/Pottier) ou encore Hibernatus (1969/Molinaro)

Ces films, qui étaient monnaie courante il y a encore quelques décennies ont, par la suite, disparu au profit de mouvements cinématographiques s’engageant dans la critique sociale et délaissant les « superstitions d’un monde révolu ». La crise de mai 68 en est certainement pour beaucoup, préférant au fil des années la transgression du sexe, de l’argent et de l’alcool dans les salles face à celles que pouvaient être la peur et l’altérité autant physique qu’intellectuelle. Si la tradition fantastique française a perduré à la marge (notamment avec la trilogie des appartements de Roman Polanski) nos genres adorés se sont volatilisés pendant quelques décennies . Mais depuis la fin des années 90 l’horreur, la science-fiction et le fantastique refont une entrée fracassante dans le paysage cinématographique français.

 

Un renouveau récent de genres chéris à l’international

Nourri par la société américaine avec ses fantasmes et ses craintes, le cinéma français a récupéré les genres auxquels il a donné naissance. En la personne de Luc Besson, la science-fiction a repris ses lettres de noblesse, tantôt en nous livrant un space-opéra épique (Le Cinquième élément, 1997), tantôt en nous émerveillant au travers d’une fable écologique, parfois à la frontière du fantastique (Valérian et la Cité des mille planètes, 2017). La féérie reprend aussi son cours avec Angel-A (2005), histoire trépidante d’un ange essayant par tous les moyens d’aider son protégé ; mais aussi au travers de la vie d’un enfant tombé amoureux d’une princesse d’un autre monde (Arthur et les Minimoys, 2006-2010).

Grâce à de nombreux cinéastes, l’horreur et l’étrange retrouvent eux aussi le chemin de nos salles. Alexandre Aja (Haute tension, 2003 et La colline a des yeux, 2006 [remake]), Pascal Laugier (Martyrs, 2008 et Ghostland, 2018), Julien Maury et Alexandre Bustillo (Livide, 2011, Leatherface, 2017) ou encore Julia Ducournau (Grave, 2016) sont autant de noms encore peu connus du grand public mais célèbres dans leur milieu qui permettent au cinéma horrifique français de reprendre du « poil de la bête » sur la scène internationale. Au travers d’une esthétique nouvelle et inspirée, bien souvent du cinéma américain, ces cinéastes nous font découvrir une nouvelle manière d’aborder les problématiques horrifiques et leurs liens avec les névroses de nos sociétés contemporaines. Le New French Extremism, nouveau sous-genre consacré et se caractérisant par des films d’une violence inouïe et d’une incroyable transgression (à l’instar d’Irréversible de Gaspard Noé/2002) démontre l’engouement de nombreux pays, maîtres de l’horreur (États-Unis, Espagne, Royaume-Uni, Japon), pour la French touch.

Un regain de ces genres explicable par une toute nouvelle génération de cinéastes biberonnés aux sagas américaines et britanniques (de Freddy, Les griffes de la nuit à Halloween en passant pour les plus jeunes par Harry Potter et Le Seigneur des anneaux) délaissant une partie du cinéma parfois trop suffisant de la Nouvelle vague pour revenir aux sources de la cinématographie. Une manière de réenchanter un monde trop obscur au moyen d’une catharsis à pellicule. Depuis lors, les films se démultiplient, de même que les sociétés de production et de distribution s’inspirant notamment de Blumhouse Productions (Darklight content, Parasomnia) tandis qu’un festival couronne depuis 1994 les chefs-d’œuvre du genre (Festival international du film fantastique de Gérardmer).

 

Une petite liste des prochaines sorties :

Après une dose de théorie, la pratique s’impose. Cette année les films horrifiques et de science-fiction sont à l’honneur. A vos agendas !*

Et n’oubliez pas : « Seul le fantastique a des chances d’être vrai » Pierre Teilhard de Chardin

* NDLR : liste établie sur la base de l’article : La French touch du cinéma d’horreur va-t-elle enfin s’imposer ? Le Point POP

 


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