Convention de la droite : retour sur un événement polémique
Ce samedi 28 septembre s’est tenue la « Convention de la droite », événement polémique faisant la promotion de l’union des droites. Avec pour thème « l’alternative au progressisme », cette première édition a connu un certain succès avec près de 1 500 places parties en moins d’une semaine.
Cette convention, organisée par Erik Tegner de Racine d’Avenir, François de Voyer du Cercle Audace et Jacques de Guillebon de l’Incorrect a commencé par l’hymne national, chanté avec enthousiasme par toute l’assemblée.
C’est Eric Zemmour qui ouvre la convention, faisant une entrée triomphante dans la salle. Très remarquée, son intervention, remplie d’ironie et retransmise en direct par LCI, a fait beaucoup parler d’elle. Le journaliste usant d’un ton plus incisif qu’à son habitude les plateaux de télévision a exprimé une fois de plus l’inquiétude qu’il a concernant l’avenir de la France, évoquant un risque de « polonisation » du pays, terme qu’il reprend souvent pour dénoncer le danger du multiculturalisme, porté par un « monstre à deux visages », les « droits de l’homme et l’Islam ».
Pour lui, une « extermination de l’homme blanc hétérosexuel catholique » est programmée par la société actuelle.
Puis s’en est suivie l’allocution de Robert Menard sur l’abandon des villes moyennes et de leurs élus par l’État. Pour le maire de Béziers, la solution est l’implication des personnes de droite dans les municipalités.
« Je me sens abandonné par vous. Je me contrefous de la métapolitique, je m’en balance […] Il faut arrêter de parler de politique. Il faut que vous en fassiez. On se moque des intellectuels de Saint-Germain-des-Prés, mais c’est la même chose qu’on fait ici ».
Un intellectuel contesté
C’est ensuite au tour de Raphaël Enthoven de s’exprimer, seul opposant politique présent, Aurélien Taché, député LREM s’étant désisté, intervenant sur « le retour en arrière fait-il un programme ? ». Comme on aurait pu le penser, Enthoven n’a pas défendu les bienfaits du progressisme, mais s’est fourvoyé dans une plaidoirie aux allures de mauvais tragédien, pour davantage dénoncer la démarche, selon lui vaine, de cette convention de la droite.
Malgré les désaccords profonds, son auditoire est resté globalement respectueux.
« Je vous remercie de cette invitation. Même si à cause de vous j’ai perdu plein d’amis sans en gagner un seul. Je suis bien conscient que vous avez tout à gagner à ma présence alors que j’ai tout à perdre à venir chez vous ».
A ce titre, bon nombre de participants ont salué la démarche risquée d’Enthoven de venir prendre la parole devant une salle honnie par la bien-pensance. Par ailleurs, un point d’accord a été trouvé entre le public et le philosophe lorsque celui-ci a évoqué le Rassemblement National (RN) comme un « parti corrompu, dont la présidente est une candidate idéale pour le pouvoir en place », suivi d’un applaudissement approbateur de la salle.
Un flot d’intervenants
Gilles-William Goldnadel : « Le refus du mépris » avec en plus une réponse à Enthoven qui avait déjà quitté la salle.
Xavier Breton sur loi bioéthique : « Famille à la carte, voulez-vous le menu ? »
Jean Frédérique Poisson : « L’islam en France, cinq piliers ou cinquième colonne ? »
Une table ronde : « Dictature de la pensée : face cachée du progressisme » avec Frédérique Saint-Claire, Guillaume Bigot et Élisabeth Levy
Gilbert Collard : « Juge Partout, Justice nulle part »
Paul-Marie Couteaux : « Le grand renversement idéologique »
Edouard Husson : « Comment l’Europe sort de l’histoire »
Fabrice Haccoun : « Fiscalité : un enfer pavé de bonnes intentions »
Vijay Monany : « L’immigration : c’est pas cher, c’est l’état qui paye ! »
Un débat : « 2050 : Etats nations ou globalisation ? »
Avec Laurent Alexandre et Olivier Babeau face à Ivan Rioufol et Fabrice Hadjaj
Olivier Rey : « Seuls les peuples enracinés résistent à l’effondrement »
Gladden Pappin : « L’intégralisme ou comment reconstruire la droite » (en anglais)
Laurent Obertone : « La France et les immigrés : cote à cote ou face à face ? »
Lors de son intervention, Marion Maréchal a cité cinq grands défis : le « grand remplacement », le « grand déclassement », le « grand épuisement écologique », le « grand basculement anthropologique » et le « grand affrontement des puissances », précisant que pour elle, le plus vital était « le grand remplacement ». Elle a conclu son intervention par : « Demain, j’en suis intimement convaincue, nous serons au pouvoir » sous les applaudissements de la salle.
Intervention de Candace Owens
Invitée attendue et remarquée de cette convention, la jeune américaine Candace Owens a pris la parole à la suite de Marion Maréchal. Atypique, cette représentante de l’Amérique de Trump ne coche aucune case de l’identitaire antisystème : afro-américaine, issue d’une famille aisée, ayant suivi des études de journalisme, elle a travaillé pour le magazine Vogue avant de se rallier au parti républicain, devenant ainsi un défenseur de la politique de Trump.
« Ils (la gauche radicale américaine) tentent de façon tout à fait méprisable, de remettre en cause les résultats des élections présidentielles de 2016 » déclare Candace à propos de la procédure d’Impeachment – procédure du droit anglo-saxon par laquelle un organe détenant le pouvoir législatif met en accusation un officiel du gouvernement – lancée contre le Président américain. Faisant un bref aperçu de la situation politique des Etats-Unis avant que n’arrive Trump, Candace reprend les insultes utilisées par la gauche américaine pour dénoncer ceux qui n’entrent pas dans le champ du politiquement correct et que l’on retrouve dans le paysage politico-médiatique en France : « xénophobes », «misogynes », « sexistes » et bien sûr « racistes ». Elle a fait part du délire de ses ennemis qui n’hésitent pas à la qualifier de ces différents sobriquets.
Elle a par ailleurs rappelé son combat à travers le BLEXIT, pour que les afro-américains, et plus largement les minorités, se libèrent de la pensée progressiste qui « ont détruit nos communautés ».
Faisant référence au passé, Owens a relativisé sur le combat que doivent mener les patriotes. « Nous avons la chance de ne pas devoir quitter nos foyers […] Nous devons simplement trouver le courage de nous exprimer et de nous organiser ». Elle a également rappelé que « les patriotes américains s’allient toujours aux patriotes français et anglais pour lutter pour la liberté ».
Son discours s’est conclu par cet appel adressé à la salle à propos de la souveraineté qu’elle défend dans son pays : « allez-vous vous battre pour la vôtre ? ».
Les trois organisateurs ont ensuite conclu l’événement, avant de passer à un cocktail, puis pour certains à une soirée. Ignorance de la régie ou second degré des organisateurs, la soirée s’est terminée sur Bella Ciao…comme la clôture des meetings du PS.