L’absence de tourisme en Russie est une opportunité pour visiter le pays. L’objectif de ce voyage : rallier Paris à Moscou pour assister au défilé du 9 mai sur la Place Rouge.
Guerre diplomatique, guerre économique, guerre d’influence, ingérence étrangère contre les intérêts français sur le territoire national comme en Afrique, tout est bon pour la Russie pour déstabiliser la France partout où cela est possible. Pourtant, est-il impossible de voyager en Russie ? Non. La population reste insensible à la présence française sur leur territoire.
Des restrictions particulières
Impossibilité d’utiliser sa carte bancaire pour payer ou retirer de l’argent, des sites d’hébergement qui ne sont plus présents (Booking, Airbnb), des grands réseaux sociaux absents (Facebook, Messenger, Instagram ou encore LinkedIn), les restrictions à l’encontre de la Russie sont nombreuses. Pourtant c’est parfois dans ces moments que les voyages sont les plus palpitants.
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Les frontières diplomatiques ne sont pas fermées et les Français restent les bienvenus en Russie. L’ambassade de France fonctionne à Moscou et son homologue à Paris également même si un grand nombre de ressortissants sont partis. Officiellement, il reste quelques milliers de français déclarés auprès du ministère des Affaires étrangères français, la plupart à Moscou. Après deux ans et demi de guerre, le chiffre est désormais plutôt stable et devrait le rester.
Une guerre monétaire
Les sanctions internationales imposées à la Russie l’ont fait sortir du système interbancaire Swift, un moyen qui permet d’interconnecter les institutions financières (et les cartes bancaires) du monde entier. Les options à ce réseau standardisé sont faibles. Soit, il faut utiliser une carte bancaire qui ne dépend pas de ce réseau comme une carte prépayée ou faire appel à des cartes chinoises par exemple (difficiles à trouver en France), ouvrir un compte bancaire en Russie ou avoir une quantité d’espèces satisfaisantes avec soi, en euros ou en roubles.
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Les réductions drastiques du commerce et du tourisme entre les pays occidentaux et la Russie ont fait diminuer la circulation de roubles en France et des euros en Russie. Si les roubles sont rares à Paris, il devrait être de même à Moscou. Même si le taux de change n’est pas favorable en France, je préfère donc emporter avec moi le maximum de roubles pour être indépendant plutôt que de me faire refuser le change d’une monnaie qu’ils ne pourront écouler, faute de demande d’euros. Il en faut suffisamment pour les déplacements, les repas, visites et dépenses annexes.
Des bureaux de change sans rouble
« Nous n’avons plus de rouble Monsieur. Il n’y a pas de grande demande en ce moment. En revanche, une autre agence de notre groupe à un équivalent de 100 euros. » m’annonce un premier échangeur par téléphone. Les appels continuent et la réponse est pratiquement la même. Certains affichent des roubles sur leur site qu’ils n’ont plus au bureau, d’autres n’ont que de petites très quantités : l’équivalent de quelques dizaines d’euros seulement. Il faudrait prendre tout ce qui est possible peu importe les taux parfois prohibitifs pour réussir à comptabiliser l’équivalent de quelques centaines d’euros. « La guerre fait que nous ne sommes plus approvisionnés par la banque centrale, mais uniquement par des particuliers » annonce un autre bureau au téléphone. « Je vous donne un conseil : rapprochez-vous de l’ambassade de Russie, ils devraient avoir ce qu’il faut pour vous ou alors de la diaspora russe à Paris ».
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Quelques jours plus tard, un bureau m’annonce qu’il dispose de fonds suffisants. Après quelques échanges, je le rappelle pour réserver et prendre les roubles le lendemain. « Vous avez de la chance d’avoir réservé. Un particulier est passé juste avant votre appel avec une somme importante. Très rapidement, d’autres personnes ont réservé ces roubles. Vous pouvez prendre l’équivalent des 600 euros restants seulement. » Une chance ! « C’est assez rare d’en avoir, car la diaspora russe arrive avec des dollars. Avec la guerre, elle croit que nous n’acceptons plus les roubles et échange sa monnaie avant de partir de chez eux contre des dollars qui eux, seront facilement échangeables contre des euros » continue-t-il. La demande de roubles existent bien mais à l’état de niche. Mais pour quoi faire ? Rentrer au pays ? Ceux qui le souhaitent ont probablement de la famille sur place ou un compte bancaire leur permettant de payer ou de retirer là-bas. Du tourisme ? Celui-ci est pratiquement inexistant chez les Occidentaux comme les voyages d’affaires. Bénéficier d’une réserve « au cas où » ou tout simplement pour de la spéculation ? Peut-être.
Un trajet plutôt aisé
Depuis 2022, les demandes de visas peuvent être effectuées électroniquement avec la prise obligatoire d’une assurance locale. Si les pays européens ne sont pas en conflit militaire direct avec la Russie, certaines restrictions de passage existent. La quasi–totalité des lignes aériennes qui desservaient autrefois Moscou ou Saint-Pétersbourg ont cessées. Les options pour y aller sont désormais beaucoup plus restreintes. Les vols les plus proches sont en Serbie ou en Turquie à des prix relativement élevés par rapport à 2022, rareté oblige. La meilleure option reste de passer la frontière par voie terrestre. Deux points de passages sont encore possible en Lettonie, trois en Estonie. Les huit points de passage entre la Finlande et la Russie sont fermés jusqu’à nouvel ordre. A Tallin en Estonie, les services de bus continuent de fonctionner comme avant et relient la capitale à Saint-Pétersbourg. Nous passerons par là.
A la frontière russo-estonienne, le fleuve Narva traverse deux forteresses majestueuses, figées dans un duel silencieux. D’un côté, le château fort d’Hermann et son architecture médiévale qui rappelle l’époque où il était le bouclier de l’Europe contre les incursions de l’Est. De l’autre, la colossale forteresse d’Ivangorod qui se dresse comme un colosse de pierre et de fer. Côté estonien, le drapeau ukrainien est accroché au mur de l’édifice avec celui du pays et de l’Union européenne avec un message très transparent affiché aux Russes à quelques centaines de mètres : « Putin war criminal ». En travaux, le passage de la frontière se fait à pied. Une fois le contrôle effectué, un autre bus nous attend de l’autre côté direction Saint-Pétersbourg puis un train direction Moscou. Pour rester connecté, c’est le moment de lancer son VPN. La deuxième étape du voyage commence.
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