Vieux-Pays de Goussainville : un village (presque) abandonné aux portes de Paris
Publié le 05/09/2020
Le village a subi de plein fouet la construction de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle au nord de la capitale dans les années 70.
Depuis la gare du Nord, Goussainville n’est qu’à 25 minutes en RER. A l’approche de la ville, les avions vrombissent déjà. Sur le quai de la gare, un wagon ancien et rouillé donne le ton. A l’extérieur, des jeunes flânent devant les arrêts de bus. En plus du traditionnel PMU et de la boulangerie s’ajoute un restaurant Turc et un kebab. Plus loin, se trouve la permanence du tribunal de Grande instance de Pontoise.
Goussainville est actuellement coupé en deux. Nous sommes dans la partie moderne de la ville. Le « Vieux-Pays », comme l’appellent les habitants, se trouve de l’autre côté de la gare à deux pas d’une départementale. Du bruit des voitures au silence quasi absolu, le changement d’ambiance est total.
La désertification
L’histoire de ce village remonte à 1973. A cette époque, l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle est terminé. Situé à 5 km de l’axe d’une piste, les villageois redoutent le bruit des avions qui volent bas. Les habitants commencent à partir. La même année, le crash de l’avion soviétique Tupolev Tu-144 convainc d’autres familles de quitter les lieux. Les dégâts sont importants : 14 personnes sont tuées (6 membres d’équipages et 8 personnes au sol), 20 autres sont blessées et une quinzaine de maisons sont détruites.
Un décret est instauré toujours en 1973 et oblige l’aéroport à racheter les maisons – pour certaines vidées de leurs habitants – en vue d’une future destruction. Le but de cette action est de permettre de dédommager les villageois pour que ceux-ci puissent s’installer ailleurs. Ce n’est pas sans compter l’intervention des Monuments Historiques qui bloquent la démolition. En cause ? L’église romane Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Aucune destruction ne peut avoir lieu dans un rayon de 300 mètres autour de ladite église. A défaut de pouvoir démolir, la direction de l’aéroport a décidé de murer l’ensemble des maisons rachetées.
Un village figé dans l’après-guerre
Aujourd’hui, le village du Vieux-Pays de Goussainville est figé dans le passé. En 1973, pas moins de 11 commerces faisaient vivre cet endroit où résidait près d’un millier d’habitants. Les maisons sont toujours murées, certaines sont squattées, d’autres sont taguées et pire, d’autres menace de s’effondrer. L’église, accolée au cimetière, est fermée. Juste derrière celle-ci, dans un parc, se situe le château de Goussainville. Il est presque entièrement détruit et recouvert lui-aussi de graffitis.
Près de deux décennies sont passées et peu de choses ont évolué. Une école et un garage tiennent encore lieu d’activité. Seul un commerce résiste encore et toujours à cette désertification : la librairie. Énième preuve que, loin des tracas du monde moderne, la lecture demeure un havre de paix. Pour l’heure, un projet de réhabilitation de 30 millions d’euros est prévu par la mairie.
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Je pense qu’il y a trop moyen de faire pousser en scred dans les ruines et les jardins désaffectés… Avis aux récalcitrants de la nouvelle contravention, pas de risques ici 😛
pourquoi ne pas l’aménager en salle de concert de karaoké, boite de nuit, salle privée pour la musique etc… Il y a plein de choses à mettre en place comme des musées ou tramways pour la visite des lieux pour redonner vie à ce village