Violences policières : des manifestants qui défient la France

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Certains militants arborent le slogan «Brigade anti-négrophobie» sur leur T-shirt. ©Charles de Blondin

Une nouvelle manifestation contre les violences policières et pour la mémoire de Lamine Dieng, franco-sénégalais de 25 ans mort après une interpellation en 2007, s’est déroulée ce samedi à Paris.

 

Ce sont des adeptes souvent minoritaires de la lutte antiraciste à qui l’affaire Georges Floyd, un américain noir mort après une interpellation effectuée par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai dernier, a donné une nouvelle raison de lutter. Ce qui se déroule aux États-Unis, s’importe en France, preuve que la mondialisation n’est pas qu’économique mais également culturelle et sociétale : une vraie convergence des luttes à l’échelle internationale.

 

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Des violences policières au racisme systémique

A l’appel de plusieurs collectifs, près d’un millier de personnes sont descendues dans la rue ce samedi 20 juin. Si l’objectif de la manifestation tel qu’annoncé par les organisateurs est de dénoncer les violences policières et le racisme des forces de l’ordre, on a aussi pu y voir flotter des drapeaux palestiniens. Toutes les manifestations sont-elles donc bonnes à afficher des revendications quelles qu’elles soient ?

Le rendez-vous est fixé à 14h, place de la République. La foule grossit peu à peu. Le cortège s’élance avec le camion de tête sur laquelle est installée une partie de la sonorisation. On y retrouve une femme qui a pour mission de traduire en langue des signes l’ensemble des discours prononcés au micro. Une action louable au service de l’inclusion des sourds, sûrement nombreux pour l’occasion… En revanche, ils ne pouvaient donc se trouver qu’à un minimum de 15 m derrière le camion pour pouvoir profiter de la traduction. A défaut de l’ouïe, ils doivent avoir de bons yeux.

 

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A plusieurs mètres derrière le camion se tient une partie du service d’ordre. Composé de gros bras, il entoure la tête du cortège d’un fil blanc pour empêcher toute intrusion dans ce cercle restrictif. Sur la première banderole est inscrit : « Laissez-nous respirer » accompagné sur le coin gauche de « Justice pour Lamine Dieng », jeune franco-sénégalais décédé suite à une interpellation de nuit en 2007, il y a 13 ans.

 

Que justice soit faite !

Avec le T-Shirt noir flanqué de « Justice pour Adama », la sœur d’Adama Traoré, Assa Traoré demande elle aussi que la justice soit rendue pour son frère, décédé également lors d’une interpellation il y a quatre ans et dont l’enquête est toujours en cours. Si la famille Dieng, après avoir porté l’affaire devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme -CEDH), a abouti à un accord à l’amiable qui lui verra recevoir 145 000 euros de l’Etat français, la famille Traoré souhaite également une condamnation semblable. « C’est un aveu de culpabilité, personne, encore moins un Etat, n’accepte de payer sauf s’il est coupable », a déclaré la sœur de Lamine, Ramata Dieng lors de cette manifestation.

Le cortège longe le cimetière du père Lachaise pour s’engouffrer sur la place Martin Nadaud. Telle une procession, il s’arrête au début de la de la rue Bidassoa. Les familles des victimes font une prière à laquelle s’associent les personnes présentes avant d’effectuer un lâché d’une dizaine de ballons blancs.

 

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Sous les cris de « Pas de justice, pas de paix », le cortège repart en direction de la place Gambetta. Il s’arrête à nouveau une bonne centaine de mètres plus loin, au croisement de la rue des Gâtines. Une rangée de CRS bloque l’accès de la petite rue. Et pour cause ! Le commissariat est juste derrière. De nouvelles prises de paroles ont lieu. « Nous exigeons que ces policiers soient radiés des forces de l’ordre », clame Ramata Dieng au micro. « Nous voulons mettre un terme aux techniques d’étouffement, au plaquage ventrale et au pliage », a-t-elle également exigé.

La marche est couverte par quelques dizaines de journalistes. Face aux CRS, trépieds dépliés et caméras filmant le face à face avec les manifestants, deux d’entre eux n’hésitent pas à traiter les forces de l’ordre de racistes mettant à mal une profession déjà malmenée depuis plusieurs années. L’un est même fier d’arborer face à un CRS son poignet où est indiqué le fameux sigle «ACAB» (All Cops Are Bastards, tous les flics sont des bâtards/salauds).

« Nous avons vaincu la France », entend-t-on ensuite au micro, toujours face aux forces de l’ordre déjà maltraitées par le pouvoir exécutif depuis de nombreuses années. Un ultime affront de plus fait à la France coupable de tous les maux des minorités.

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