Outre-mer : des expérimentations nucléaires en Polynésie aux ingérences étrangères
Publié le 31/03/2025

Essai nucléaire français en Polynésie française le 3 juillet 1970 (nom de code : Licorne).
Depuis janvier, le débat sur les expérimentations nucléaires françaises en Polynésie refait surface à l’Assemblée nationale alors même que la France fait face à des tentatives de déstabilisation dans ses Outre-mer.
La commission d’enquête sur les expérimentations nucléaires françaises fait son grand retour. Interrompue en juin 2024 à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, cette instance, initiée sous l’impulsion du groupe communiste (GDR), vise à faire la lumière sur les impacts des 193 essais nucléaires effectués dans la région entre 1966 et 1996.
Une pression indépendantiste en Polynésie
En Polynésie française, les essais nucléaires menés par la France au XXe siècle restent un sujet brûlant. Ce débat a été ravivé récemment par les mouvements d’extrême gauche et les indépendantistes qui critiquent la gestion française de ce dossier, accusant Paris de ne pas avoir pleinement assumé ses responsabilités envers les populations locales affectées.
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Ces critiques sont parfois amplifiées par des acteurs étrangers cherchant à exploiter le mécontentement pour dénoncer la présence française dans la région. C’est dans ce cadre que le parti indépendantiste Tavini Huiraatira a signé en avril 2024 un accord avec le Baku Initiative Group (BIG), illustrant les liens grandissants entre l’Azerbaïdjan et les revendications autonomistes polynésiennes.
Cependant, de nombreuses contre-vérités sont véhiculées au sujet des essais nucléaires. L’une des principales accusations porte sur les radiations. Or, les études scientifiques montrent que les essais ont été menés dans des conditions maîtrisées, avec des précautions significatives pour limiter leur impact environnemental et sanitaire.
Les affirmations selon lesquelles ces essais auraient ainsi causé une contamination massive sont largement exagérées. Le médecin et spécialiste des essais nucléaires, Patrice Baert, dénonce dans son ouvrage « Essais nucléaires en Polynésie française » certaines contre-vérités. Contrairement aux discours alarmistes diffusés par certains groupes indépendantistes, la majorité des cas de maladies attribuées aux radiations ne seraient pas directement liés aux essais.
Certains observateurs estiment que cette instrumentalisation du débat risque de détourner l’attention des enjeux réels et de renforcer la polarisation politique locale. Les réseaux sociaux sont inondés de contenus accusant la France de « colonialisme nucléaire ». Une véritable campagne de désinformation orchestrée.
Ingérences dans les Outre-mer françaises
La Polynésie n’est pas le seul territoire touché par ces modes d’actions. Depuis les émeutes de mai 2024, qui ont éclaté à la suite du débat sur la modification du corps électoral, la situation en Nouvelle-Calédonie reste explosive. Des groupes radicalisés, comme la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), sont accusés d’attiser les tensions et de recevoir un soutien extérieur. L’ONG azerbaïdjanaise Baku Initiative Group (BIG) a notamment été identifiée comme un relais de propagande en faveur des indépendantistes kanak, relayant leur discours sur la scène internationale jusqu’aux arcades de l’ONU.
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Des campagnes de désinformation ont été observées sur les réseaux sociaux, avec des contenus visant à présenter l’intervention des forces de l’ordre françaises comme une « répression coloniale ». Des analystes soulignent que ces stratégies rappellent celles employées par la Russie dans d’autres zones de tensions, notamment en Afrique où Moscou soutient des narratifs antifrançais.
En réponse à ces troubles, une mission d’observation du Forum des Îles du Pacifique (FIP) a été envoyée sur place en octobre 2024 pour évaluer la situation. Toutefois, leur visite, n’a pas permis d’apaiser les tensions et a été critiquée par certains acteurs locaux, qui y voient une tentative de minimiser la réalité du terrain.
Réaction française
Le gouvernement français a réagi fermement à ces ingérences. Le ministre des outre-mer français, Manuel Valls a récemment dénoncé une « politique de déstabilisation » de la part de l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. VIGINUM, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, a identifié de nombreuses attaques informationnelles visant à influencer l’opinion publique et à fragiliser les institutions locales. Ces campagnes reposent sur des techniques élaborées, notamment la manipulation des images, l’utilisation de faux profils sur les réseaux sociaux et la diffusion d’articles biaisés par des médias peu fiables.
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Ces événements mettent en lumière la vulnérabilité des territoires d’outre-mer face aux ingérences étrangères et la nécessité pour la France de renforcer sa stratégie de défense et de communication. La question est d’autant plus cruciale que le Pacifique devient une zone de plus en plus convoitée sur la scène géopolitique mondiale, avec des acteurs comme la Chine qui cherchent à y étendre leur influence. La stabilité de ces territoires est donc un enjeu stratégique majeur pour la France dans les années à venir.
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