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Série « Cœurs noirs » : une immersion avec les forces spéciales en Irak

Se basant sur des événements réels, "Cœurs noirs" offre une plongée captivante dans les opérations d'un commando des forces spéciales françaises en Irak.

Se basant sur des événements réels, "Cœurs noirs" offre une plongée captivante dans les opérations d'un commando des forces spéciales françaises en Irak.

Irak, octobre 2016. « Cœurs Noirs » est le nom d’un groupe de combattants de Daesh désireux de faire ses preuves lors de la bataille de Mossoul. Imaginé par les scénaristes Corinne Garfin et Duong Dang-Thai, ce groupe fait l’objet de l’attention d’un groupe des forces spéciales françaises spécialisé dans la récupération des terroristes liés aux projets d’attentats en Europe. Mis en ligne sur Prime Video à partir de février 2023, les six épisodes réalisés par Ziad Doueiri sont désormais diffusés sur France 2.

 

Le 17 octobre 2016, les forces gouvernementales irakiennes engagent, aux côtés des forces armées du Kurdistan iranien, de milices sunnites, chiites et chrétiennes, un déploiement sans précédent sur la ville de Mossoul, sur les bords du Tigre. La coalition internationale en Syrie et en Irak, engagée contre Daesh, est également impliquée, celle-ci regroupant la France, les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, le Canada, le Maroc, ainsi que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Qatar et Bahreïn. 100 000 hommes s’apprêtent à prendre la deuxième ville d’Irak, où sont terrés une dizaine de milliers de jihadistes. Symbole de Daesh, qui en fit sa capitale religieuse, Mossoul représente l’apogée de la guerre confessionnelle en Irak. Après une progression dans les villes environnantes puis au cœur de la ville durant l’hiver, le gouvernement irakien annonce sa libération complète le 10 juillet 2017.

 

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L’armée française est engagée en Irak à la demande du gouvernement irakien depuis 2014 au travers de l’opération Chammal. Elle vient de concentrer, durant l’été 2016, une écrasante majorité de ses actions en direction de Mossoul. : « 344 sorties, menant 61 raids, dont dix avaient été planifiés à l’avance et 51 menés sur des cibles d’opportunité ». Depuis le début de l’opération, l’État-major des armées annonce que les Mirage et Rafale français ont mené en Syrie et en Irak 829 frappes au cours de 4 540 sorties, permettant la neutralisation de 1 415 objectifs. A la veille de l’offensive automnale, 250 français sont présents à Mossoul, dans les rangs de Daesh. C’est ce contexte qui est choisi lors de l’écriture de « Cœurs noirs » par les scénaristes Corinne Garfin et Duong Dang-Thai, déjà à l’œuvre dans « Le Bureau des Légendes ».

 

Un pas de côté vers la petite histoire

Des blindés auréolés de poussière surgissent du désert, drapeaux irakiens flottant au vent. Leurs occupants forment un ensemble hétérogène, mêlant membres des forces armées irakiennes et soldats français. L’objectif est le suivant : capturer un responsable de Daesh de nationalité française, Zaïd Osman (Moussa Maaskri). Dans la débandade qui précède les frappes de la coalition, certains djihadistes n’y croient plus et souhaitent fuir. Adèle Brockner (Marie Dompnier), officier de renseignement, passe un marché avec le prisonnier : l’exfiltration de sa fille et de son petit-fils en échange d’informations sur les cellules djihadistes prêtes à frapper l’Europe.

Le groupe 45, commandé par Martin Manzard (Nicolas Duvauchelle), est chargé des opérations de terrain. Cette équipe, composée d’un dépiégeur (Victor Pontecorvo), d’un auxiliaire sanitaire (Tewfik Jallab), d’un droniste (Jérémy Nadeau), d’un tireur d’élite (Nina Meurisse) et d’un adjoint (Quentin Faure), est au centre de l’action des six épisodes de la série « Cœurs noirs ». Faisant le choix d’un pas de côté vis-à-vis des événements historiques de Mossoul, les scénaristes expérimentent une plongée fictionnelle plausible, documentée auprès du 13ème régiment de dragons parachutistes. En marge du grand conflit, le groupe 45 nous montre les capacités d’un groupe de spécialistes ainsi que son inscription dans la chaîne de commandement.

 

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Ziad Doueiri, réalisateur libanais primé pour « West Beyrouth » en 1998 puis « L’insulte » en 2017, est ici à la manœuvre. Déjà remarqué pour son travail dans les séries « Baron noir » (2016) et « Dérapages » (2020), l’adaptation du roman Cadres noirs de Pierre Lemaître, il récidive en 2023 avec un travail remarquable. On retrouve, avec une photographie épurée, une très belle lumière et un son exceptionnel de réalisme, l’atmosphère étouffante de « La Chute du Faucon Noir » (Ridley Scott, 2001). Chaque épisode de la série « Cœurs noirs », d’environ une heure, crispe le spectateur, qui, haletant, entame une immersion complète en plans rapprochés. La production française renoue ainsi avec le genre peu exploré du thriller militaire, dans la continuité de « Sentinelles » (2022), qui contait le quotidien du 22ème régiment d’infanterie au Mali.

 

L’opération Chammal et la France

Présente en Irak depuis la Guerre du Golfe, la France se trouve engagée au cœur de l’apogée du conflit que constituent les prises de Mossoul puis de Raqqa. Les militaires présents dans le cadre de l’opération Chammal en payent, depuis 2014, le lourd tribut. L’adjudant-chef Stéphane Grenier, 34 ans, du 13ème régiment de dragons parachutistes est « tué au combat » en Syrie en septembre 2017 ; le caporal-chef Bogusz Pochylski, 31 ans, du 2ème régiment étranger d’infanterie meurt « dans l’accomplissement de sa mission au service de la France » en mars 2018. En août 2023, trois soldats trouvent la mort en dix jours : le sergent Baptiste Gauchot, 26 ans, du 19ème régiment de génie, l’adjudant Nicolas Latourte, 29 ans, du 6ème régiment de génie, tous deux « morts en opération dans l’accomplissement de leur mission » et le sergent Nicolas Mazier, 31 ans, du commando parachutiste de l’air n° 10, mortellement touché lors d’un échange de tirs avec un groupe terroriste.

 


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